La relation avec les États-unis de Biden ne sera pas une sinécure
Le ton des relations entre les États-unis et le Canada est redevenu cordial, mais les problèmes n’ont pas disparu.
Pour son premier face-à-face avec un leader étranger, Joe Biden a opté pour le mode virtuel, mais il est revenu à la tradition d’une rencontre avec le premier ministre canadien, plutôt que d’aller faire des courbettes devant des autocrates saoudiens.
Ce retour à un semblant de normalité dans la relation entre les deux pays ne signifie toutefois pas que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
RETOUR À LA NORMALE
Il y a certes de quoi se réjouir de savoir que chaque rencontre, bilatérale ou multilatérale, ne risquera pas d’être sabordée par des déclarations à l’emporte-pièce d’un président américain déjanté.
Si on en juge par cette première rencontre, on n’assistera pas à une réédition de la « bromance » entre Justin Trudeau et Barack Obama, mais le retour à des relations cordiales et respectueuses entre alliés est en soi une bonne nouvelle.
Tout ne s’est pas effondré pendant les quatre dernières années. L’administration Trudeau a fait de vaillants efforts pour amadouer l’humeur imprévisible du 45e président et certains dossiers, dont la renégociation de L’ALÉNA, ont eu des résultats moins catastrophiques que plusieurs craignaient.
DERRIÈRE LES DISCOURS, LA RÉALITÉ
La détermination de Joe Biden d’effacer l’hypothèque laissée par la doctrine America First de son prédécesseur est un bon signe pour tous ses partenaires étrangers.
Qu’un président s’abstienne de bafouer les conventions et de dénigrer les alliés ne peut être qu’une bonne chose pour le Canada, mais cela ne signifie pas que les tendances de fond qui déterminent les intérêts des États-unis et orientent ses principales actions concrètes sont au beau fixe.
La principale tendance lourde qui continuera de poser un défi au Canada est le courant de nationalisme économique qui a favorisé l’émergence du trumpisme et que les démocrates de Joe Biden ne semblent pas prêts à renverser.
DÉFIS ET OUVERTURES
Dans des dossiers comme celui du « Buy American Act », le Canada ne peut pas espérer grandchose d’une administration et d’un Congrès démocrates qui ont fait des promesses fermes aux entreprises nationales et aux syndicats.
Le Canada n’a pas à craindre le genre de coup de massue comme les tarifs surprises imposés par l’administration Trump, mais les entreprises canadiennes qui font partie des chaînes d’approvisionnement naturelles pour plusieurs produits touchés par les achats publics risquent de se voir exclues alors que l’administration Biden promet de débloquer de vastes projets d’infrastructure.
Il est aussi indéniable que le virage vert du gouvernement américain coûtera cher aux producteurs de pétrole canadiens, mais il n’est pas interdit d’espérer que l’hydro-électricité et les entreprises qui ont déjà pris ce virage pourront en bénéficier.
Pour les quatre années à venir, la relation avec les États-unis n’aura rien d’une sinécure pour nos gouvernements et nos entreprises mais, au moins, elle répondra à une logique ancrée dans la réalité.