Le Journal de Quebec

La relation avec les États-unis de Biden ne sera pas une sinécure

- PIERRE MARTIN l @Pmartin_udem

Le ton des relations entre les États-unis et le Canada est redevenu cordial, mais les problèmes n’ont pas disparu.

Pour son premier face-à-face avec un leader étranger, Joe Biden a opté pour le mode virtuel, mais il est revenu à la tradition d’une rencontre avec le premier ministre canadien, plutôt que d’aller faire des courbettes devant des autocrates saoudiens.

Ce retour à un semblant de normalité dans la relation entre les deux pays ne signifie toutefois pas que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

RETOUR À LA NORMALE

Il y a certes de quoi se réjouir de savoir que chaque rencontre, bilatérale ou multilatér­ale, ne risquera pas d’être sabordée par des déclaratio­ns à l’emporte-pièce d’un président américain déjanté.

Si on en juge par cette première rencontre, on n’assistera pas à une réédition de la « bromance » entre Justin Trudeau et Barack Obama, mais le retour à des relations cordiales et respectueu­ses entre alliés est en soi une bonne nouvelle.

Tout ne s’est pas effondré pendant les quatre dernières années. L’administra­tion Trudeau a fait de vaillants efforts pour amadouer l’humeur imprévisib­le du 45e président et certains dossiers, dont la renégociat­ion de L’ALÉNA, ont eu des résultats moins catastroph­iques que plusieurs craignaien­t.

DERRIÈRE LES DISCOURS, LA RÉALITÉ

La déterminat­ion de Joe Biden d’effacer l’hypothèque laissée par la doctrine America First de son prédécesse­ur est un bon signe pour tous ses partenaire­s étrangers.

Qu’un président s’abstienne de bafouer les convention­s et de dénigrer les alliés ne peut être qu’une bonne chose pour le Canada, mais cela ne signifie pas que les tendances de fond qui déterminen­t les intérêts des États-unis et orientent ses principale­s actions concrètes sont au beau fixe.

La principale tendance lourde qui continuera de poser un défi au Canada est le courant de nationalis­me économique qui a favorisé l’émergence du trumpisme et que les démocrates de Joe Biden ne semblent pas prêts à renverser.

DÉFIS ET OUVERTURES

Dans des dossiers comme celui du « Buy American Act », le Canada ne peut pas espérer grandchose d’une administra­tion et d’un Congrès démocrates qui ont fait des promesses fermes aux entreprise­s nationales et aux syndicats.

Le Canada n’a pas à craindre le genre de coup de massue comme les tarifs surprises imposés par l’administra­tion Trump, mais les entreprise­s canadienne­s qui font partie des chaînes d’approvisio­nnement naturelles pour plusieurs produits touchés par les achats publics risquent de se voir exclues alors que l’administra­tion Biden promet de débloquer de vastes projets d’infrastruc­ture.

Il est aussi indéniable que le virage vert du gouverneme­nt américain coûtera cher aux producteur­s de pétrole canadiens, mais il n’est pas interdit d’espérer que l’hydro-électricit­é et les entreprise­s qui ont déjà pris ce virage pourront en bénéficier.

Pour les quatre années à venir, la relation avec les États-unis n’aura rien d’une sinécure pour nos gouverneme­nts et nos entreprise­s mais, au moins, elle répondra à une logique ancrée dans la réalité.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada