Le Journal de Quebec

Pas branchés,s sauf leles abords du chalet du patron de Bell

Le PDG a bénéficié d’un programme dans lequel Québec et Ottawa sont impliqués

- JULIEN MCEVOY –Avec la collaborat­ion de Martin Jolicoeur

En moins d’un mois, en janvier 2020, Mirko Bibic a pris les commandes de Bell et a vu son chalet du lac Pemichanga­n, en Outaouais, devenir une des rares résidences du secteur à être branchées à la fibre optique, et donc à internet haute vitesse.

Bell assure que son président et chef de la direction « n’a pas participé à la planificat­ion ni à la réalisatio­n » du projet, mais la situation frustre beaucoup de monde dans le coin.

« C’est un drôle d’adon », lance Yvon Blanchard, directeur général de la municipali­té de Lac-sainte-marie, où se trouve le chalet de M. Bibic.

La municipali­té compte environ 1000 résidences, dont une trentaine seulement sont situées au bord du lac Pemichanga­n, à une quinzaine de kilomètres du village. Ces chalets appartienn­ent à « des gens plus nantis que les autres », dit-il.

Et pour se rendre jusqu’à ce lac, Bell a passé une ligne de fibre optique à travers le village de Lac-sainte-marie, sans brancher personne au réseau, pas même l’hôtel de ville.

« M. Bibic a-t-il été favorisé? Je ne le sais pas, mais on dirait bien. Ça frustre le monde », avance le DG de la municipali­té où « presque personne n’a la haute vitesse ».

Lac-sainte-marie fait partie de la MRC de la Vallée-de-la-gatineau, qui compte 17 municipali­tés. Un coup d’oeil à la carte nationale des services internet à large bande d’industrie Canada suffit pour comprendre: il s’agit d’un désert de la haute vitesse.

« Nous nous battons depuis des années pour avoir un minimum de service et on trouve le moyen d’aller desservir ce lac éloigné avant bien d’autres endroits plus accessible­s. C’est inéquitabl­e; internet devrait être accessible à tout le monde, riches ou pauvres » », indique la préfète de la MRC, Chantal Lamarche.

QUÉBEC BRANCHÉ

Pourquoi le lac Pemichanga­n et pas le village de Lac-sainte-marie ? Tout simplement, explique-t-on chez Bell, parce que la municipali­té ne fait pas partie du projet Québec branché actuelleme­nt en cours en Outaouais.

Subvention­né aux deux tiers par Québec et Ottawa, le projet de 6,7 M$ vise à brancher 1800 foyers de la région et est complété à 33 %.

« Environ 100 des 600 connexions réalisées jusqu’à présent se trouvent à Lac-pemichanga­n », explique la porte-parole de Bell, Caroline Audet.

Elle ajoute que même si Lac-sainte-marie ne fait pas partie du projet, « nous prévoyons également brancher 600 ménages et entreprise­s à cet endroit ».

FACTURE DE 3000 $ PAR MOIS

« Ils ont sauté le village de Lac-sainte-marie au complet, c’est ridicule. Y’a pas plus de 20 chalets au lac Pemichanga­n. Ils rient de nous autres en disant 100. », s’exclame Raphaël Bédard.

L’entreprene­ur possède la Fromagerie La Cabriole dans le village voisin de Montcerf. Il vit lui aussi son lot de problèmes avec Bell.

La ligne de fibre optique passe sur son terrain, à 100 mètres de sa maison, mais Bell lui demande 3000 $ par mois pour le brancher à la haute vitesse.

Le Journal a appris par ailleurs, au cours de son reportage sur les problèmes d’accès à internet au Québec ce week-end, que le président de Québecor, qui possède donc Vidéotron, Pierre Karl Péladeau, n’avait toujours pas accès à internet haute vitesse à sa maison de campagne dans la région d’eastman, dans les Cantons-de-l’est.

 ?? PHOTOS COURTOISIE, RADIO-CANADA, LAURENCE MARTIN ET D’ARCHIVES, AGENCE QMI ?? Mirko Bibic possède ce chalet du lac Pemichanga­n, en Outaouais. Seuls lui et quelques voisins ont la haute vitesse, dans ce secteur.
PHOTOS COURTOISIE, RADIO-CANADA, LAURENCE MARTIN ET D’ARCHIVES, AGENCE QMI Mirko Bibic possède ce chalet du lac Pemichanga­n, en Outaouais. Seuls lui et quelques voisins ont la haute vitesse, dans ce secteur.

Newspapers in French

Newspapers from Canada