Le Journal de Quebec

Des dossiers militaires secrets atterrisse­nt sur le dark web

Un groupe occulte a mis en ligne les fichiers dérobés à l’avionneur Bombardier

- SYLVAIN LAROCQUE ET HUGO JONCAS

Des documents secrets portant sur deux avions-espions se sont retrouvés sur le dark web au cours des deux derniers jours, conséquenc­e d’un important piratage dont a été victime Bombardier.

Plus de 35 gigaoctets de fichiers internes de Bombardier sont apparus en ligne hier, s’ajoutant à l’échantillo­n de quelques pages divulgué lundi. Les documents ont été mis en ligne par Clop, un groupe occulte spécialisé dans l’extorsion par rançongici­el.

Selon le quotidien britanniqu­e Daily Mail, Bombardier a refusé de verser la rançon demandée par les pirates pour éviter la publicatio­n des documents, une informatio­n que l’entreprise n’a pas voulu confirmer au Journal.

JETS MODIFIÉS EN AVIONS MILITAIRES

Parmi les documents subtilisés, on trouve notamment une illustrati­on de l’avion de surveillan­ce militaire Globaleye de l’entreprise suédoise Saab ainsi que des documents techniques récents sur un avion d’intercepti­on de signaux électromag­nétiques mis au point par la firme britanniqu­e Marshall Aerospace and Defence.

Les deux appareils sont des jets d’affaires Global 6000 de Bombardier lourdement modifiés.

Les pirates auraient également mis la main sur au moins un dessin technique d’une antenne radar de l’équipement­ier italien Leonardo, a révélé la publicatio­n spécialisé­e The Register.

« Il est impossible de dire quelles pourraient être les implicatio­ns de l’incident. Cela dépend largement de la nature des données qui ont été extraites et de la possibilit­é ou non qu’il y ait des préoccupat­ions en matière de sécurité nationale pour certains des clients de Bombardier », a commenté Brett Callow, analyste en cybermenac­es pour la firme d’antivirus Emsisoft.

« CONSÉQUENC­ES LIMITÉES »

Dans un communiqué publié lundi, Bombardier a soutenu que l’attaque informatiq­ue avait eu des « conséquenc­es limitées ».

Malgré tout, « de l’informatio­n personnell­e et d’autres données confidenti­elles » touchant des clients, des fournisseu­rs et une centaine de salariés de Bombardier au Costa Rica « ont été compromise­s », a admis l’entreprise.

« Bombardier a fait appel aux services de profession­nels de la cybersécur­ité et de la police scientifiq­ue qui ont confirmé de façon indépendan­te que les contrôles de sécurité de l’entreprise ont été efficaces pour limiter la portée et l'étendue de l’incident », a précisé l’avionneur.

Les pirates ont eu accès aux documents de Bombardier par l’entremise de l’applicatio­n de partage de fichiers FTA de la firme Accellion, laquelle a été victime d’une vaste attaque qui a aussi affecté d’autres utilisateu­rs, dont le cabinet d’avocats américain Jones Day et le gendarme boursier australien.

Dans un communiqué, Accellion a affirmé que FTA, « un produit vieux de 20 ans approchant de sa fin de vie », avait été « la cible d’une cyberattaq­ue sophistiqu­ée ».

 ?? CAPTURES D’ÉCRAN TIRÉES DU WEB ?? ’avion de surveillan­ce Globaleye de Saab, qui est un jet ’affaires Global 6000 de Bombardier modifié. En moraise : l’un des documents confidenti­els de Bombardier ubtilisés par les pirates.
CAPTURES D’ÉCRAN TIRÉES DU WEB ’avion de surveillan­ce Globaleye de Saab, qui est un jet ’affaires Global 6000 de Bombardier modifié. En moraise : l’un des documents confidenti­els de Bombardier ubtilisés par les pirates.

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