Le Journal de Quebec

La pertinence n’a rien à voir avec l’âge

L’âgisme est une affaire de préjugés, selon Jean Carette

- YVES LECLERC

Demander à Denise Bombardier si elle est « encore pertinente » en raison de son âge, comme l’a suggéré l’animatrice Marie-louise Arsenault au cours de l’émission Dans les médias à Télé-québec, scandalise l’associatio­n québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretrait­ées (AQDR).

« Dire ça à Mme Bombardier, c’est une gaffe impardonna­ble. Les aînés perdent leur identité lorsqu’ils arrivent à la retraite. On les considère comme étant à charge de la société. On dit qu’on est moins intelligen­t, moins performant, moins rapide, moins émotif, moins ceci et moins cela, mais ce n’est pas vrai, bien entendu », lance le président de L’AQDR, Jean Carette.

En entrevue au Journal, hier, M. Carette a vivement dénoncé le traitement réservé à notre chroniqueu­se lors de l’émission diffusée la semaine dernière à Télé-québec.

L’animatrice, Marie-louise Arsenault, avait alors demandé à Denise Bombardier si elle demeurait pertinente, malgré son âge. Mme Bombardier vient de célébrer ses 80 ans. Mardi, le diffuseur public québécois s’est défendu de faire de l’âgisme.

Pour Jean Carette, qui est sociologue et chargé de cours à L’UQAM et âgé de 79 ans, il ne fait aucun doute que l’entrevue qu’a subie Denise Bombardier constituai­t une manifestat­ion d’âgisme.

La pertinence, dit-il, n’a rien à voir avec l’âge.

Il insiste pour dire que les aînés ont encore beaucoup à apporter à la société, malgré leur âge avancé.

« Ces gens-là ont une expérience de vie et une richesse qui peuvent être utiles à la société. Il faut changer les mentalités, les images et les préjugés. La société fragilise les aînés et les met dans des boîtes à vieux pour ne pas les voir. Et ça, ce n’est pas seulement au Québec, c’est partout et depuis toujours. Il y a un âge moyen qui est rentable. Simone de Beauvoir en parlait dans son essai La vieillesse en 1970 », a-t-il fait remarquer.

DANS LE COUP

À 88 ans, Dominique Michel sent qu’elle est toujours dans le coup et pertinente.

« Je suis l’actualité, je lis les journaux et des livres et j’écoute la télévision. Je ne me sens pas déconnecté­e du monde dans lequel on vit. Il y a des choses qui m’intéressen­t et d’autres qui ne m’intéressen­t pas. Je sens que je suis toujours allumée », a-t-elle confié au Journal.

Pour l’ex-comédienne, qui précise n’avoir jamais été victime d’âgisme, la pertinence et l’intelligen­ce ne sont pas une question d’âge.

« Si tu es con à 40 ans, tu vas être con à 80. Ça ne s’améliorera pas », lance-t-elle.

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PHOTOS D’ARCHIVES, AGENCE QMI Dominique Michel se sent toujours allumée, dans le coup et pertinente à 88 ans. En médaillon : le sociologue Jean Carette.

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