Québec serre la vis aux cadres sur les heures supplémentaires
Le ministère de la Santé dit s’inquiéter de la surcharge de travail
En pleine troisième vague de la pandémie, le ministère de la Santé a demandé de réduire les heures supplémentaires effectuées par le personnel cadre en disant notamment s’inquiéter pour leur santé.
La lettre envoyée par le ministère de la Santé aux dirigeants d’hôpitaux a été mal reçue par plusieurs cadres qui ont multiplié les heures depuis le début de la pandémie.
« On écoeure tout le monde. Ça fait un an qu’ils travaillent d’arrache-pied, certains sont sortis de la retraite pour prêter mainforte et c’est ainsi qu’on les remercie », dénonce Anne-marie Chiquette de L’APER qui représente plusieurs cadres du réseau de la santé.
IMPACT SUR LA SANTÉ
Le ministère estime que le grand nombre d’heures supplémentaires effectué par certains cadres peut avoir un impact sur leur santé.
« Au cours des derniers mois, les autorités ministérielles ont exprimé des préoccupations relativement à la charge de travail des cadres », a indiqué le sous-ministre Vincent Lehouillier pour justifier le fait de baliser de façon plus serrée les heures supplémentaires.
Depuis dimanche, les PDG d’établissements de santé doivent appliquer de nouvelles règles dictées par le gouvernement Québec.
√ Les heures travaillées entre 35 et 40 heures ne doivent pas être payées ou compensées.
√ Toutes les heures travaillées au-delà de 50 heures doivent être approuvées par la haute direction.
√ Seules les heures supplémentaires liées à la COVID-19 peuvent être payées.
√ Les directions doivent privilégier le paiement des heures supplémentaires plutôt qu’une compensation en temps. Si elle prend des ententes, il faut éviter de dépasser deux semaines en temps.
120 MILLIONS $
Depuis le début de la pandémie, les établissements avaient pris l’habitude de rémunérer les heures supplémentaires, une mesure qui aurait coûté 120 millions $ jusqu’à maintenant.
En temps normal, les heures supplémentaires des cadres ne sont pas payées, mais la pandémie a mené au déploiement de mesures exceptionnelles.
Sur le terrain, certains sont découragés et estiment qu’en voulant limiter leur paye, on leur manque de reconnaissance.
DÉMOBILISATION
« Il y en a qui veulent lâcher », dit une cadre qui s’exprime sous le couvert de l’anonymat.
Une situation qui pourrait s’avérer problématique puisque certains cadres vont prêter main-forte dans les cliniques de vaccination, pour le dépistage ou dans d’autres établissements où il manque de personnel.
« Depuis le début de la pandémie, certains cadres ont effectué un grand nombre d’heures supplémentaires, ce qui se traduit par un rehaussement important de leur rémunération », a précisé Marjorie Larouche, une porte-parole du ministère de la Santé et des Services sociaux par courriel.