L’autre combat de Mandy Bujold
Les critères de sélection privent l’ontarienne d’une participation à Tokyo
La boxeuse Mandy Bujold vit des moments d’incertitude depuis l’annulation des sélections olympiques continentales. Avec les nouveaux critères mis en place, l’ontarienne ne peut pas participer aux Jeux de Tokyo en juillet prochain. Toutefois, pas question de baisser les bras.
Pour ceux qui ne la connaissent pas, Bujold est considérée comme l’une des meilleures boxeuses amateurs de l’histoire au Canada. Elle a notamment remporté 11 titres canadiens chez les poids mouches (112 lb) et plusieurs médailles dans des compétitions internationales.
Aux Jeux de Rio en 2016, elle représentait un espoir de médaille, mais elle n’a pas été en mesure d’atteindre son objectif. Elle croyait pouvoir se reprendre aux Jeux de Tokyo, mais une embûche de taille s’est placée à travers sa route.
« Lorsqu’on a appris que les qualifications continentales étaient annulées, je savais déjà que les dirigeants du Boxing Task Force (BTF) (comité de travail qui est chapeauté par le Comité international olympique) voulaient utiliser le classement mondial pour déterminer l’identité des boxeurs qui iraient à Tokyo. »
Pour bâtir ce classement, le BTF a sélectionné trois tournois qui se sont déroulés sur une période de 11 mois en 2018 et en 2019. Toutefois, Bujold n’avait pas pu y participer. Elle avait une bonne raison : la naissance de sa fille Kate.
UNE DÉMARCHE AMICALE
Bujold a embauché une avocate pour l’aider dans ses démarches avec le BTF et le CIO.
« On ne demande pas une exemption pour Mandy, a souligné Me Sylvie Rodrigue. On demande une révision de la décision du BTF qui pourrait aider d’autres athlètes dans la même situation qu’elle.
« Chez les hommes, la période sélectionnée pour le classement s’étend jusqu’en 2017 en raison de la tenue d’un championnat du monde. Les femmes n’en ont pas eu. »
Le Boxing Task Force a la légitimité pour revenir sur sa propre décision. Dans le cas contraire, les critères peuvent être révisés par le comité exécutif du Comité international olympique (CIO).
« Nous demandons au comité exécutif de ne pas entériner la décision du BTF parce qu’il y a violation de la charte olympique qui stipule qu’il ne peut y avoir de discrimination fondée sur le sexe, a poursuivi Me Rodrigue.
« Dans cette situation-ci, c’est un cas de discrimination à l’endroit des athlètes féminines qui auraient pu être en congé de maternité durant cette période de onze mois. Comme dans les entreprises, aucune femme, ayant fait le choix d’avoir un enfant, ne peut être pénalisée. C’est la même chose pour la charte olympique. C’est la même règle de droit. »
Ce que Bujold aimerait obtenir ? Rallonger la période des résultats qui sont comptabilisés pour le classement. De cette façon, elle pourrait obtenir de précieux points pour sa médaille d’argent obtenue lors d’un tournoi continental en 2017.
Pour ce qui est des délais, elle pourrait attendre jusqu’au 7 mai afin de savoir si le comité exécutif du CIO appuie la décision du BTF. Si ce scénario se produit, elle devrait s’engager dans un processus d’arbitrage qui pourrait durer quelques semaines.
FINIR LE TRAVAIL AMORCÉ
Il y a une chose qui semble claire. Bujold ne serait pas dans cette situation si elle avait pu participer à des tournois en 2020. La pandémie est venue bousiller ses plans.
« On a fait tout ce qu’il était possible de faire et j’ai bon espoir que le CIO va changer sa décision, a souligné la boxeuse de 33 ans. Pour le moment, je me concentre sur mes entraînements. Je ne peux rien faire de plus. »
Pour elle, une participation aux Jeux de Tokyo serait synonyme de rédemption.
« À Rio, je suis tombée malade avant les quarts de finale et je n’ai pas eu la chance de réaliser mes objectifs. C’est ma dernière chance de pouvoir finir le travail amorcé. »