PAS D’AUTRES TICKETS EN VUE POUR LES IRRESPONSABLES DE LA MANIF
La police a remis 28 constats pour un nombre considérable d’infractions constatées à la manifestation de samedi
François Legault disait vouloir « s’assurer qu’il y ait des contraventions données le plus possible » après que des milliers de manifestants eurent envahi le métro pour faire la fête et se rendre au Stade olympique samedi, sans respecter les consignes sanitaires. Il risque d’être fort déçu.
Contactée hier, au lendemain de la déclaration du premier ministre, la Société de transport de Montréal (STM) a expliqué qu’elle ne pouvait pas intervenir pour prévenir les débordements ni faire de suivi à la malheureuse situation observée.
« Les inspecteurs de la STM n’ont pas le pouvoir d’émettre de constats concernant le port du couvre-visage et ne peuvent refuser les clients sans couvre-visage. Toutefois, ils ont donné des avertissements et ont distribué plusieurs masques », indique la porte-parole Amélie Régis.
Ce ne sera pas plus simple pour les policiers montréalais de s’intéresser à la foule du métro, car ils doivent généralement être présents et observer les infractions pour remettre des constats.
ORGANISATEURS SATISFAITS
Durant la manifestation contre les mesures sanitaires, les patrouilleurs du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ont été parcimonieux et n’ont remis que 28 constats en vertu de la Loi sur la santé publique. Ils ont procédé à quatre arrestations et lancé neuf enquêtes pour des actes criminels.
Samuel Grenier, l’un des organisateurs de la manifestation, a confirmé ne pas avoir reçu de contravention.
« Il y a des gens un peu festifs qui se sont pointés et qui ne faisaient même pas partie de notre organisation. Pendant l’événement, on n’a pas eu de trouble avec la police », a-t-il dit.
Il a estimé que les policiers « étaient beaucoup axés sur la sécurité de la foule et non pour réprimander le non-port du masque. »
Un autre organisateur, Daniel Pilon, a déclaré sur Facebook qu’il levait son chapeau aux policiers : « La police était là, mais on ne la voyait pas. [...] Merci au SPVM d’avoir laissé les gens s’exprimer sans mettre de tension ».
Le SPVM n’a pourtant pas l’habitude de chômer quand vient le temps de donner des contraventions liées aux mesures sanitaires : du 26 avril au 2 mai, il a remis 878 constats d’infraction, dont 511 pour non-respect du couvre-feu, a-t-il écrit sur les médias sociaux.
Mais dans le cas de la manifestation de samedi, on a choisi de ne pas mettre d’huile sur le feu, même si la foule « majoritairement ne respectait pas les mesures sanitaires », a expliqué le porte-parole JeanPierre Brabant.
« Dans une foule massive comme celle de ce week-end, on ne mettra pas des policiers en péril et risquer qu’ils se fassent blesser pour aller identifier des gens qui ne portent pas leur masque, a-t-il souligné. On a identifié les plus récalcitrants. Ce sont eux qui ont eu des constats d’infraction », ajoute-t-il.
Mais cette trentaine de constats remis samedi tandis que quelque 30 000 personnes étaient réunies à Montréal semble bien peu comparé à des interventions policières dans des maisons privées. L’automne dernier, 83 étudiants massés dans une résidence de Chelsea avaient écopé chacun d’une contravention de 1546 $.
LE JUGEMENT DES POLICIERS
Au cabinet du premier ministre, on « se fie au bon jugement des policiers ».
« Des constats d’infraction ont été remis lors de la manifestation du week-end dernier. Les policiers ont agi », a indiqué l’attaché de presse de M. Legault, Ewan Sauves. Les opérations policières peuvent être complexes, ça dépend du contexte de l’événement », a-t-il ajouté.
« On va suivre ça », avait pourtant déclaré le premier ministre dimanche, avant d’affirmer vouloir s’assurer que le plus grand nombre de contraventions soit donné.
Au cabinet de la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault a renvoyé les questions au SPVM et indiqué que les policiers ont tous les pouvoirs pour intervenir.