Résister, « par amour », à prendre maman dans ses bras
Colette Laperie n’a pas vu sa fille depuis près d’un an
Encore cette année, c’est ironiquement « par amour » que les Québécois devront résister à prendre leur maman dans leurs bras pour la fête des Mères. C’est notamment le cas de Colette Laperle, qui sera fêtée à 600 km de sa fille.
La résidente de Rouyn-noranda, Abitibi-témiscamingue, s’ennuie de sa fille Édith, « de la voir, de la toucher, d’y jaser des soirées de temps ».
Elles sont toutes deux peu friandes des vidéoconférences qui ne remplacent en rien le contact humain, mais une exception pourrait s’imposer pour la fête des Mères. C’est que leur dernière rencontre remonte à l’été dernier.
« On se disait qu’on était pour y retourner [à Montréal] au mois d’octobre, se rappelle la dame de 66 ans. Mais tout a fermé, alors on est restés chez nous. »
Les autorités ont encadré les déplacements dans les régions du Québec pendant la dernière année pour freiner la COVID-19. Les Laperle ont toujours voulu prêcher la prudence et respecter les consignes sanitaires.
« Je le fais pour protéger mon monde et me protéger moi aussi, souffle Colette Laperle. On fait ça par amour. »
Avant la crise, Colette et Édith se réunissaient quelques fois par année pour aller au Vermont, par exemple. Malgré la distance qui les sépare depuis plusieurs mois, elles cherchent à rester tissées serrées.
« C’est comme une amie, une confidente, quelqu’un vers qui on peut se tourner quand on a besoin de réconfort ou de conseils, souligne Édith Laperle. Avec le fait de ne pas pouvoir passer du temps ensemble, on a l’impression de perdre contact avec son quotidien. »
Parallèlement, le petit-fils Édouard, 16 ans, continue de grandir.
« Ça, je trouve ça dur, lâche la grand-mère. Depuis qu’il est au monde, on le voit plusieurs fois par année, mais là, ça va faire un an bientôt. »
TRADITION
Les deux femmes ont particulièrement été marquées par le dernier Noël, qu’elles ont passé chacune de leur côté. Une tradition vieille de deux décennies veut habituellement qu’elles se retrouvent sous un même toit avec une vingtaine de proches.
« C’était étrange d’être dans mon appartement à Montréal et de ne pas pouvoir voir ma famille », mentionne Édith Laperle.
La conseillère syndicale de 43 ans est toutefois optimiste avec le retour à la vie normale qui se rapproche. Elle compte rattraper le temps perdu et savourer chaque moment avec la femme qui l’a élevée.