Le Journal de Quebec

Un parent ne peut faire subir à ses enfants une quarantain­e

- NICOLAS SAILLANT

Un parent qui multiplie les voyages non essentiels ne peut faire subir à ses enfants en garde partagée des quarantain­es à répétition sous prétexte de reprendre ses semaines perdues, tranche un juge.

Séparé depuis 2019, un couple de la région de Terrebonne se partage la garde de leurs deux enfants de 15 et 11 ans une semaine sur deux. Depuis ce temps, le père a fait la rencontre « d’une amie » qui réside au Danemark.

Malgré la pandémie et les recommanda­tions du gouverneme­nt d’éviter les voyages, l’homme se rend à quelques reprises en Europe. « Il va sans dire qu’il ne s’agit pas d’un voyage essentiel », indique d’emblée le juge Bernard Synnott.

Puisque la mère refuse qu’il reprenne ses enfants à son retour afin de reprendre son temps de garde et passer sa quarantain­e avec eux, c’est le père qui s’adresse à la Cour supérieure pour faire valoir ses droits.

Selon les explicatio­ns fournies, Monsieur est allé au Danemark à au moins deux reprises pendant la pandémie pour des séjours entre huit jours et trois semaines. Il explique aussi avoir fait sa quarantain­e à l’hôtel à son retour en attendant son test négatif.

Le père assure respecter les règles de quarantain­e à son retour. Il affirme à la cour que « la situation n’est pas pire que celle d’un travailleu­r de la santé qui revient quotidienn­ement dans sa famille ».

TURPITUDE

Une comparaiso­n qui « laisse perplexe et à court de mots » le juge. « Les travailleu­rs de la santé, eux, n’exercent aucun choix », ajoute-t-il.

Selon le juge, se plaindre d’un manque d’accès à ses enfants en raison de sa décision de voyager malgré les consignes sanitaires est « contraire au sens commun ». « Monsieur plaide sa propre turpitude », tranche le juge Synnott.

Au surplus, il estime qu’il « serait contraire aux intérêts des enfants que leurs horaires soient chamboulés du fait volontaire d’un parent qui se place en quarantain­e au retour d’un voyage non essentiel ».

Le père a aussi fait valoir que la grandmère paternelle pourrait garder les enfants pendant son absence au lieu de la mère, ce à quoi le juge s’est opposé une fois de plus. « Il est justifié que les enfants restent avec leur mère, justement parce qu’elle est leur mère. » D’autant plus que les autorités sanitaires déconseill­ent une telle pratique.

« Il appartient à monsieur de faire des choix », termine le juge en déboutant le père de famille. Ainsi, si le père quitte à nouveau le pays, il devra faire sa quarantain­e en l’absence de ses enfants.

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