SEULE AU BUREAU DU MÉDECIN
Assise seule dans le bureau de son hématooncologue, Suzanne Mathieu a éclaté en larmes en apprenant la mauvaise nouvelle. Le 16 avril dernier, en pleine pandémie, le diagnostic est tombé : un nodule, qu’elle croyait bénin, sur l’un de ses poumons, s’est avéré être une tumeur.
Survivante d’un cancer des ovaires à l’âge de 14 ans, la femme de 49 ans souffrait déjà d’un cancer du sein qui lui avait été diagnostiqué un mois plus tôt.
On ne s’y fait pas, glisse la quadragénaire pour qui la nouvelle a eu l’effet d’un coup de poing. Mais la différence, c’est que cette fois-ci, son conjoint ne pouvait être présent pour la soutenir dans l’épreuve en raison de la pandémie.
« Quand tu reçois le diagnostic, on dirait que la switch se met à off et le cerveau ne fonctionne plus. Mon conjoint était là quand ça devenait trop émotif pour moi, trop tough à gérer, relatet-elle. Il y a une limite à ce qu’on peut endurer. J’étais atterrée. »
Son combat, Suzanne Mathieu a dû le mener sans visage familier à ses côtés, à partir du moment où elle franchissait les portes de l’hôpital. Et c’est ce qu’elle a trouvé le plus dur.
« Je ne peux même pas te prendre dans mes bras pour que tu brailles ta vie », s’est désolée son infirmière pivot.
AUX SOINS INTENSIFS
À deux reprises, des complications avec ses traitements de chimiothérapie l’ont conduite aux soins intensifs, laissant son mari et son fils sans nouvelles pendant de longues périodes.
Mais même en pleine pandémie, elle a été touchée par la compassion du personnel soignant.
« Avant ma chirurgie pour le poumon, j’étais vraiment stressée et j’avais peur – on m’enlevait un lobe du poumon, ce n’est pas banal !
–, et je me suis mise à pleurer. Je n’en pouvais plus. L’anesthésiste a enlevé ses gants pour me prendre les mains », témoigne-t-elle, encore émue.
Un petit geste qui aura fait toute la différence pour la patiente.