Le Journal de Quebec

Pas facile non plus pour les enfants et les proches des patients

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Un traitement contre le cancer en pleine pandémie signifie aussi de gros sacrifices pour les proches des patients immunosupp­rimés, pour qui une mauvaise grippe peut être fatale.

En temps ordinaire, ceux qui ont un traitement contre le cancer font déjà très attention puisqu’ils sont très fragiles, explique le directeur général de l’organisati­on québécoise des personnes atteintes de cancer, Francis Lemieux.

« La solitude, l’isolement, ça a frappé fort chez notre monde et leurs proches. Et pas seulement ceux qui se battent contre le cancer, mais aussi ceux qui sont en rémission. Ce n’est pas parce que le traitement termine le lundi que le système immunitair­e est rétabli le mardi », illustre-t-il.

LA FAMILLE ÉCOPE

C’est pour cela que le jeune Xavier, 11 ans, a été retiré de l’école quelques mois, le temps que sa mère, Suzanne Mathieu, termine ses traitement­s de chimiothér­apie et sa convalesce­nce après une opération.

« Je pouvais survivre à mes cancers, mais la COVID-19 pouvait m’achever. On a été hyper prudents. Pour mon fils, ça a impliqué beaucoup d’isolement, parce que durant toute la période du traitement, on ne voyait personne. Tout l’environnem­ent écope », soupire la maman.

« C’est beaucoup d’imposer tous ces sacrifices-là aux siens », poursuit-elle.

Geneviève Séguin, mère de deux adolescent­s de 16 et 18 ans, doit aussi se montrer plus restrictiv­e, même si son garçon est dans une classe bulle au secondaire. Elle donne aussi des « permission­s spéciales » à sa fille pour qu’elle puisse voir son copain.

SENTIMENT D’IMPUISSANC­E

« Je trouve ça vraiment difficile », lâche Mme Séguin, qui s’inquiète plus pour l’impact sur ses enfants.

La psychologu­e à la Fédération du cancer du Québec Séverine Hervouet note pour sa part un grand sentiment d’impuissanc­e du côté des proches de patients.

« Cette impuissanc­e-là peut être apaisée par des actions très concrètes : être avec la personne, la rassurer, la serrer dans nos bras. En étant chez eux, beaucoup se sentaient coupables de ne pas pouvoir en faire davantage », indique-t-elle.

CRÉATIVITÉ

Il a d’ailleurs fallu faire preuve de créativité pour conserver ce soutien social, qui est un facteur protecteur pour la santé mentale. Longues marches, soupers virtuels, coucous par la fenêtre : il est clair que le soutien n’est plus le même qu’avant.

« C’est sûr que ça a ses limites », conclut-elle.

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