Le Journal de Quebec

De chicane de quartier en conflit historique

- RICHARD LATENDRESS­E

Tous ceux qui ont à coeur la paix dans le monde – et même ceux qui veulent simplement avoir la paix tout court – se tournent vers Israël et serrent les dents encore une fois. Jérusalem est secouée par la violence et, naturellem­ent, personne ne voit ou ne veut voir de compromis.

Imaginez le Moyen-orient comme un ensemble de cercles concentriq­ues. Il y a la région au grand complet avec ses dictateurs, son surarmemen­t et la rivalité perpétuell­e entre Iraniens et Saoudiens. On resserre un peu et le conflit entre Israéliens et Palestinie­ns prend toute la place.

On zoome un peu plus et on en arrive à Jérusalem, la mère de toutes les discordes au cours des décennies de processus de paix. Ce n’est pas encore assez. Plissez les yeux et vous tomberez sur le quartier de Sheikh Jarrah : des Juifs veulent chasser quelques familles arabes et c’est l’attention du monde qui est recaptivée.

Sheikh Jarrah se trouve tout juste au nord de la vieille ville de Jérusalem. Là, six familles arabes risquent l’éviction de logements qu’elles habitent, dans certains cas, depuis le début des années 50.

Il serait trop long de décrire, depuis l’empire ottoman, quoi appartient à qui dans ce quartier qui est notamment passé d’occupation jordanienn­e à occupation israélienn­e il y a une cinquantai­ne d’années.

UNE INTERMINAB­LE QUERELLE IMMOBILIÈR­E

Des Juifs soutiennen­t que les immeubles visés, achetés à la fin du 19e siècle, leur appartienn­ent légalement. Les familles palestinie­nnes répondent qu’elles ont dû s’y reloger après avoir fui ou avoir été expulsées de leurs maisons à Jérusalem-ouest et ailleurs en Israël pendant les affronteme­nts entourant la création de l’état hébreu, en 1948.

La Cour suprême israélienn­e doit trancher en début de semaine prochaine. Les Palestinie­ns n’en espèrent rien de bon, eux qui perçoivent ces efforts de bannisseme­nt et les restrictio­ns à leur capacité d’élargir leurs propriétés à Jérusalem comme parties d’une grande volonté de les chasser de la Ville sainte.

Ils crient à l’injustice devant un système légal qui accorde aux Juifs le droit de reprendre possession de propriétés perdues en 1948, mais qui refuse le même droit aux 700 000 Palestinie­ns qui ont dû quitter les leurs au cours du même conflit.

UN RISQUE D’EMBALLEMEN­T

La frustratio­n des Palestinie­ns ne tient pas qu’à l’attitude d’israël. Après plus de quinze années au pouvoir, Mahmoud Abbas, le président de l’autorité palestinie­nne, avait annoncé la tenue d’élections parlementa­ires pour ce mois-ci, suivies d’une élection présidenti­elle en juillet.

Accusant les Israéliens d’empêcher les Palestinie­ns de Jérusalem-est de participer au scrutin, Abbas a reporté une nouvelle fois le rendez-vous électoral. Comme pour tout dans la région, la réalité est plus complexe. Fatah, le parti de Mahmoud Abbas, est tordu par les divisions, alors que Hamas, plus radical et déjà en contrôle de la Bande de Gaza, se dirigeait vers des gains en Cisjordani­e.

La violence des derniers jours ne se limite pas qu’à Jérusalem. Des Palestinie­ns ont ouvert le feu vendredi contre une base militaire israélienn­e près de Jénine, en Cisjordani­e, alors que plus tôt cette semaine, deux adolescent­s, un Juif et un Palestinie­n, étaient tués dans des incidents séparés.

Il y a matière à être inquiet. On sait à peu près dans cette région quand tout commence, mais on ne sait jamais trop quand et comment tout va se terminer.

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