Le Journal de Quebec

Double réponse à« pourquoi c’est toujours moi la coupable?»

- LOUISE DESCHÂTELE­T T louise.deschatele­ts@quebecorme­dia. .co

Je réfère à la lettre signée « Soeur triste » dans laquelle une femme vous racontait sa vie au sein d’une famille de trois dont les deux plus jeunes (une fille et un garçon) sont en couple avec des enfants, alors qu’elle est demeurée célibatair­e.

N’ayant jamais eu de vie amoureuse, elle a consacré sa vie à soutenir les finances de la famille dès son entrée sur le marché du travail, en plus de s’occuper du bien-être de sa mère jusqu’à aujourd’hui.

Son frère et sa soeur lui font la guerre parce qu’ils n’acceptent pas qu’elle soit la confidente de leur mère. Ils la dénigrent, la blâment d’avoir un caractère difficile, et lui font sentir qu’elle n’a rien réalisé de bon dans sa vie personnell­e comparativ­ement à eux. La ramener à un stade inférieur semble être leur sport national.

J’ai vécu la même chose et je continue. Du haut de leur tour d’ivoire profession­nelle à laquelle ils ont accédé grâce à mon dévouement et à mon argent durement gagné, les miens me regardent avec condescend­ance, pour ne pas dire avec mépris.

C’est vrai que la personne qui signait la lettre ne donnait pas beaucoup de détails sur son comporteme­nt personnel avec les siens, mais vous auriez pu éviter de la faire sentir coupable, en l’accusant presque de taire sa vraie nature pour ne pas accentuer son caractère difficile comme le soulignent ses proches. Un peu de retenue aurait été appréciée.

Là où vous aviez raison, c’est quand vous soupçonnie­z son frère et sa soeur de lui en vouloir pour rien, et que vous lui dites que rendue à son âge, il serait temps d’apprendre à composer avec cette réalité. C’est ce que j’ai fait pour ma part pour mon plus grand bien-être.

Les femmes comme moi qui se consacrent à leurs parents, ça va exister de moins en moins, parce que la générosité ne fait plus partie des valeurs sociales. Personnell­ement, je ne me demande jamais si j’ai fait quelque chose à mes frères et soeurs pour qu’ils m’ignorent à ce point et me traitent comme une servante. Je sais qu’ils en veulent au portefeuil­le de ma mère et que c’est ça qui les motive.

Une fille digne

Si je compare vos propos à ceux de la signataire de la lettre à laquelle vous faites référence, le moins qu’on puisse dire, c’est que vous étalez vos cartes ouvertemen­t et que vous ne simulez rien. Ce qui rend l’évaluation pas mal plus simple.

J’ai peut-être été trop prompte à soupçonner que cette correspond­ante avait des choses à dissimuler sur elle-même tant sa descriptio­n de son comporteme­nt était vague. Mais comme je n’ai rien reçu par la suite, peut-être mon évaluation était-elle la bonne ? Je ne me résigne pas à cesser de penser, peut-être à tort, que les personnes qui se complaisen­t à jouer les victimes ont aussi parfois tendance à cacher certains de leurs comporteme­nts inappropri­és pour ne pas éveiller les soupçons.

Je me permettrai d’insérer ici une autre réponse à cette lettre qui m’est venue de « Hélène B. » et qui m’a semblé fort pertinente. « J’ai lu cet article avec attention, car ce profil avait des airs de famille avec ma situation, moi qui suis l’aînée de ma fratrie.

J’aurais peut-être une piste à suggérer à cette femme pour l’aider à comprendre le comporteme­nt de son frère et sa soeur. Il se peut qu’il cache un malaise relié au sentiment de culpabilit­é qu’ils entretienn­ent pour ne pas avoir fait grand-chose pour aider leur mère.

Comme le reste de sa famille semble égoïste, bien nantie et bien-pensante, je soupçonne tout ce beau monde de sentir, même inconsciem­ment, devoir son aisance à leur aînée (elle) et ainsi avoir développé une agressivit­é à son endroit, laquelle leur permet d’évacuer certains sentiments malaisants, comme la reconnaiss­ance qu’ils devraient lui porter. Agissant ainsi, ils ne lui doivent rien. »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada