Le Journal de Quebec

« Je n’ai pas le choix de gagner »

- RÉJEAN TREMBLAY rejean.tremblay@quebecorme­dia.com

Fallait d’abord arriver à oublier Rimouski. Oublier les yeux fous d’yves Ulysse. Un Yves Ulysse transporté, transformé. Un Yves Ulysse qu’un ouragan n’aurait pas ralenti.

Ceux qui étaient à Rimouski ce soir-là n’oublieront jamais. Mathieu Germain, guerrier s’il en est un, était débordé. Il n’arrivait pas à retrouver ses repères. La tempête était trop violente.

Une tempête qui s’était poursuivie dans le lobby de l’hôtel Rimouski jusqu’au petit matin.

Sans extravagan­ces, sans impolitess­es, juste une terrible tension que personne n’arrivait à dissiper. Camille Estephan inclus.

Dans les jours qui ont suivi, tout le monde a parlé d’yves Ulysse. Quant à Mathieu Germain, on a appris qu’il avait souffert d’une déchirure ligamentai­re au pied à la fin du combat et qu’il se reposait à la maison avec sa blonde et ses filles.

REBÂTIR SA CONFIANCE

Puis tranquille­ment, lentement, la tempête de Rimouski est sortie de sa tête. Il a repris l’entraîneme­nt en vérifiant l’état de son pied : « J’ai pu recommence­r à courir comme avant et à m’entraîner très dur au gymnase ». Ces bons entraîneme­nts et surtout de bons rounds de sparring ont fait le reste. La confiance est revenue : « J’ai réalisé que ma mâchoire était correcte, que tout était là. J’avais un nouvel objectif. Battre Steve Claggett, un adversaire rude et coriace. Je dirais qu’il est comme Gabriel Rosado. Un adversaire que tu dois battre sur la route des grands combats », racontait Mathieu hier en se rendant à son entraîneme­nt de peaufinage avant le combat de samedi prochain.

Ce sera un combat très dur. Quand les deux hommes se sont affrontés au Casino de Montréal, on a eu droit à ce que plusieurs ont choisi comme combat de l’année : « J’ai baissé de régime à la fin. Pas parce que j’avais manqué de jus. Cette fois, je veux être certain de ne pas connaître ces ratés. Je vais essayer de créer des zones, des moments, de briser le rythme. Je sais que Claggett peut faire 22 rounds s’il le faut », dit-il.

Puis, la voix plus grave, il ajoute : « Pour moi, c’est le combat le plus important de ma vie. Si je gagne, j’aurai droit aux finales et je pourrai effacer tous les doutes. Si je perds, je sais que je serai confronté à une dure réalité. Le combat le plus important de ma carrière. Je n’ai pas le choix de gagner », dit-il.

PAS MAGANÉ

Après sa défaite contre Ulysse, Mathieu n’a jamais pensé à la retraite. Sa blonde n’a jamais abordé le sujet non plus. La boxe est sa vie. En fait, c’est la boxe et sa famille.

Comme il le dit avec humour : « Moi, la pandémie, ça n’a pas changé beaucoup ma vie. Ç’a toujours été m’entraîner pour la boxe et revenir à la maison pour être avec ma famille. C’est quasiment la même routine », explique-t-il avec le sourire dans la voix.

« Je n’ai pas pensé à la retraite parce que je n’ai pas connu une carrière pour me faire maganer. Je n’ai jamais été mis K.O. chez les amateurs, même chose en sparring. Même mes défaites chez les pros n’ont pas été des défaites pour me mettre en danger côté santé. J’ai pas de séquelles, rien. Pis, je suis assez intelligen­t pour me rendre compte si ça arrive que le temps de m’arrêter est arrivé. Pour l’instant, j’aime l’entraîneme­nt, j’aime ce mode de vie, j’aime les endorphine­s durant les combats, j’aime à peu près tout de la boxe », dit-il.

Et qu’est-ce que Mathieu Germain n’aime pas dans la boxe ?

« La coupure de poids. La déshydrata­tion. Je ne suis pas comme Georges St-pierre qui perdait rapidement son poids. Cette fois, le report d’un mois du combat m’a aidé. Mais des fois, en déshydrata­tion, je rêve que je me baigne dans une source d’eau fraîche. C’est quasiment un rêve érotique », dit-il en riant.

Pour ce combat contre Steve Claggett, Mathieu Germain est à 147 livres à une semaine du combat. Jeff Gaudreault, son spécialist­e, est déjà satisfait…

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PHOTO PIERRE-PAUL POULIN Mathieu Germain lors d’un entraîneme­nt en public en mars 2020.
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