Des cégépiens se ruent vers le tutorat
Le nombre de cégépiens en difficulté qui se tournent vers des services privés de tutorat pour réussir a considérablement augmenté depuis le début de la pandémie, une tendance qui inquiète des acteurs du réseau collégial.
Au Service d’aide aux études, une agence de tutorat privée fondée il y a 25 ans, le nombre de cégépiens a presque quadruplé depuis le début de la pandémie, indique son directeur, Marc-andré Paquin.
« On n’a jamais eu autant de demandes pour le cégep, depuis l’automne principalement », affirme-t-il.
D’autres entreprises privées offrant les mêmes services ont aussi indiqué au Journal avoir connu une forte augmentation de leur clientèle provenant du cégep depuis un an.
« Les étudiants ont eu du mal à finir leur secondaire cinq et ils ont des lacunes. Ils ont du mal à tout faire à distance et ils prennent du retard. »
DE 95 % À L’ÉCHEC
C’est le cas d’angelina-rose Bedros, une étudiante de 17 ans qui avait une moyenne de 95 % en mathématique au secondaire avant que la pandémie vienne tout chambouler.
La jeune fille a frappé un mur à sa première session de cégep en sciences de la nature, l’automne dernier.
« On a manqué beaucoup de matière à la fin du secondaire et pour moi, l’enseignement en ligne, ça ne marche juste pas », laisse-t-elle tomber.
En échec en mathématiques, l’étudiante est allée cogner au centre d’aide de son cégep. Un tuteur avait beau être disponible pour répondre à ses questions, la matière demeurait incompréhensible.
Elle a alors eu recours à des cours privés, payés par ses parents, mais la formule n’a pas non plus fonctionné puisque tout se déroulait encore une fois à l’écran. Angelina-rose a finalement dû se résoudre à changer de programme et garde un goût amer de cette expérience.
« Si la pandémie n’était pas arrivée, je serais probablement encore en sciences de la nature », affirme celle qui rêvait de devenir pharmacienne.
DES ENJEUX D’ÉQUITÉ
Or ce recours à des services privés par des cégépiens en difficulté inquiète la Fédération étudiante collégiale du Québec, qui y voit des enjeux d’équité pour ceux qui n’ont pas les moyens de payer une telle facture.
Les besoins en matière d’aide à la réussite ne font qu’augmenter depuis le début de la pandémie et le réseau collégial doit être capable d’y répondre, affirme sa présidente, Noémie Veilleux. « On veut un traitement équitable pour tous », affirme-t-elle.
Le son de cloche est le même dans les rangs des syndicats d’enseignants.
« Ça n’a juste pas de bon sens », laisse tomber Lucie Piché, présidente de la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep (FEC-CSQ), qui réclame un solide plan de match pour aider les étudiants à combler leur retard scolaire.