Le Trump de l’inde
Alors que la pandémie frappe l’inde de plein fouet, son premier ministre se mure dans le silence. Il est pourtant responsable de la propagation fulgurante de la COVID-19 dans son pays. De nombreux critiques le lui reprochent. Mais Narendra Modi n’en a cure. Il devrait être réélu dans trois ans, grâce à son populisme religieux. À bien des égards, Modi ressemble à Donald Trump.
Pourtant, Modi est très différent de Trump dans sa vie personnelle. Contrairement à Trump, il est d’origine modeste. Il est sexuellement abstinent, ne s’est jamais marié et n’a pas d’enfants. (Jeune adolescent, il a été marié de force, mais n’aurait jamais consommé ce mariage.) Il n’a pas d’ami connu. Il est végétarien. Il est un bourreau de travail. Il est enfin extrêmement religieux.
Mais politiquement, Modi ressemble beaucoup à Trump. Fervent apôtre de l’entreprise privée, il a démantelé la Commission de planification nationale. Il a fait des coupures importantes dans l’appareil d’état.
Modi, qui ne donne pas de conférences de presse, s’adresse directement à la population grâce à son compte Twitter.
SANTÉ MALADE
Modi n’a pas hésité en février dernier à organiser de vastes rassemblements politiques. Il n’a pas non plus interdit d’immenses rassemblements religieux qui ont attiré des millions de personnes. Résultat : la pandémie de COVID-19 s’est propagée de manière exponentielle et elle fait à présent vaciller le système de santé du pays entier.
D’ailleurs, comme pour Trump, la santé n’est pas non plus une grande préoccupation de Modi. Alors qu’il était à la tête du Gujarat, entre 2001 et 2014, le système de santé de cet État s’est détérioré.
Une des raisons pour lesquelles le système de santé indien est si malade est que le pays est aux prises avec une immense corruption et qu’il faut souvent plus de 20 ans avant que les procès aient lieu.
RELIGION INSTRUMENTALISÉE
En parité de pouvoir d’achat, l’inde est le troisième pays le plus riche de la planète, après la Chine et les ÉtatsUnis. Mais cette richesse est très mal distribuée. Et les Indiens hindouistes
Modi cimente sa popularité avec le nationalisme
sont entretenus dans la croyance que les misères de leur vie actuelle leur vaudront une meilleure vie lorsqu’ils se réincarneront.
Des croyances religieuses sont ainsi instrumentalisées par des dirigeants politiques, comme aux États-unis.
Enfin Modi cimente sa popularité avec le nationalisme. Sa recette est fondée sur la détestation des musulmans, qui sont 200 millions en Inde, et sur la menace que représente la Chine. Ici encore, les parallèles avec les politiques de Trump sont évidents.
La gouverne trumpiste de l’inde a déjà mené le pays dans un gouffre sanitaire avec la COVID-19. Elle risque de continuer à diviser le pays et à augmenter les inégalités sociales. Ceci est de mauvais augure pour un État dont les institutions sont faibles en comparaison de celles des États-unis.