La santé mentale est malade
La population québécoise est malade. Depuis de nombreuses années, la santé mentale a été mise de côté, sous-financée et peu attirante pour les professionnels.
Des conditions de travail déplorables entraînent un exode des professionnels vers le réseau privé. Les demandes d’aide se multiplient et les listes d’attente ne font que s’allonger. Lorsque leur tour arrivera, il sera peut-être trop tard pour certains d’entre eux.
DÉBORDEMENTS
Puis, la pandémie qui a bouleversé notre quotidien est arrivée. On a grandement parlé des débordements en soins intensifs, mais peu des débordements en santé mentale. Une personne de mon entourage a fait preuve d’un grand courage en criant à l’aide, en tendant la main, en allant chercher l’aide dont elle a besoin, mais malheureusement personne n’est là pour lui prendre la main.
Elle est hospitalisée depuis un mois en attente d’un transfert dans un hôpital qui sera en mesure de la prendre en charge et de lui offrir les traitements dont elle a besoin.
De multiples hôpitaux refusent de l’admettre au sein de leur établissement en raison du manque de place et des demandes grandissantes suite à la pandémie. Un de ces établissements a même refusé de l’admettre, car elle n’était pas suivie par un omnipraticien alors qu’elle attend depuis trois ans pour avoir accès à un médecin de famille. Depuis quatre semaines, elle ne reçoit aucun traitement psychologique et elle voit un psychiatre différent tous les deux jours.
Croyez-vous que sa santé mentale s’améliore pendant tout ce temps à ne pas pouvoir bénéficier de quelconque traitement psychologique, à regarder le plafond de sa chambre et à avoir peu de soutien de ses proches en raison de visites très restreintes dues à la pandémie ?
La patience a des limites. Les jeunes, l’avenir de demain, ont une santé mentale fragilisée et on ne leur permet pas de bénéficier des ressources dont ils ont besoin actuellement. Ils sont peut-être jeunes et en pleine forme physiquement, mais leur santé mentale est hypothéquée.
Cette attente interminable à être pris en charge ne fait qu’alourdir leurs difficultés, diminuer leur espoir et augmenter leur sentiment de ne pas être entendus. Leurs difficultés ne font que s’accentuer avec le temps et l’attente.
DES CONDITIONS DÉCENTES POUR LES PROFESSIONNELS
Demain sera trop tard pour leur tendre la main. Il faut, et ce, dès maintenant, offrir des conditions de travail décentes aux professionnels afin de les inciter à travailler dans le réseau public. Qu’attendez-vous pour leur montrer la reconnaissance et l’importance de leur présence dans notre réseau de la santé ?
Je rêve d’un Québec où la santé mentale et la santé physique seront sur un pied d’égalité, elles qui, soulignons-le, vont de pair.