Le Journal de Quebec

La flambée du prix du bois continuera

Les centres de rénovation et leur clientèle n’auront pas de répit avant plusieurs mois

- JEAN-MICHEL GENOIS GAGNON -Avec la collaborat­ion de Francis Halin et de Martin Jolicoeur

Il ne faut pas s’attendre à ce que le prix du bois retourne à des tarifs d’avant la pandémie en 2021, estiment des quincailli­ers. La demande étant encore très forte du côté du marché de l’habitation, les prix continuent de grimper.

« Je n’ai jamais vu ça et je suis dans le domaine depuis 10 ou 12 ans », indique au Journal le vice-président et chef de l’exploitati­on chez les Centres de rénovation Patrick Morin, Daniel Lampron.

« On voit encore une pression et une petite tendance à la hausse. […] Ce n’est pas encore stabilisé », dit-il.

Ce dernier concède que l’approvisio­nnement est toujours un défi et que les joueurs du milieu jouent du coude pour sécuriser leurs inventaire­s. Il y a encore d’importants délais avant de recevoir certaines marchandis­es.

CINQ MOIS D’ATTENTE

Ces derniers jours, lors du dévoilemen­t de ses résultats financiers, la direction de Produits forestiers Résolu, qui livre dans des quincailli­ers, a confirmé que les prix devraient continuer de croître à son deuxième trimestre.

« Ça n’arrête pas. Les prix sont encore plus hauts qu’ils l’étaient, déplore Olivier Bayard, président de Constructi­on Bayard, aux premières loges de la flambée des prix qui a cours actuelleme­nt sur le marché. C’est vraiment catastroph­ique. »

En plus des prix, la disponibil­ité de matériaux n’est plus au rendez-vous. « On ne peut pas avoir des fermes de toit en ce moment. C’est cinq mois d’attente », illustre l’entreprene­ur de Saint-mathieude-beloeil, en Montérégie.

« Pour le gypse, j’ai dû faire cinq magasins, poursuit-il. En général, pour la finition intérieure, c’est dur. »

PAS D’ESSOUFFLEM­ENT

Au Groupe BMR, filiale de Sollio Groupe Coopératif, on constate également que la hausse du prix du bois d’oeuvre ne s’essouffle pas, et ce, même si l’approvisio­nnement se fait majoritair­ement chez des scieries québécoise­s.

« Les prix sont à la hausse et l’approvisio­nnement demeure un enjeu », confirme la directrice des communicat­ions, Julie Crevier. Elle assure qu’il n’y a toutefois pas, pour le moment, de rupture de stock dans les magasins, mais « tout le monde se bat pour le même inventaire », poursuit-elle.

Mme Crevier affirme qu’il est « très difficile » de prévoir un moment pour un retour des prix à la normale en raison notamment de la forte demande provenant du marché de l’immobilier aux États-unis.

« On ne s’attend pas à de grands changement­s cette année », souligne-t-elle. « Est-ce qu’il y aura une stabilisat­ion ? Peut-être, mais pour un retour à des prix plus normaux, assurément pas à court terme », prévient-elle.

La situation est la même chez le quincailli­er Canac. À moins d’un revirement de situation, la direction n’anticipe pas de diminution de prix avant « quelques mois ».

LA RÉOUVERTUR­E DES FRONTIÈRES

« La pression est toujours aussi forte. On s’y attendait […] Elle va être forte jusqu’à au moins le milieu de l’été », prédit Patrick Delisle, directeur marketing.

« Actuelleme­nt, le confinemen­t est encore fort. Même si la vaccinatio­n est avancée, les gens ne voyagent pas plus. L’argent discrétion­naire se dirige encore à améliorer leur maison », poursuit-il.

Du côté de Lowe’s Canada, propriétai­re de RONA et Réno-dépôt, on constate aussi une pression sur les prix du bois qui se reflète sur la facture des consommate­urs.

« La forte progressio­n de la constructi­on résidentie­lle et l’engouement des consommate­urs qui souhaitent améliorer leur chez-soi, parce qu’ils y passent beaucoup plus de temps qu’avant, notamment en télétravai­l, ne se démentent pas et se poursuiven­t encore », mentionne la porte-parole, Valérie Gonzalo, ajoutant que ce ne sont pas les détaillant­s qui fixent les prix.

Selon les différents quincailli­ers, le retour à des prix normaux va dépendre entre autres des mesures sanitaires contre la COVID-19, de l’ouverture des frontières et du marché de l’immobilier.

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en Montérégie, dans sa cour à bois.
PHOTO FRANCIS HALIN Olivier Bayard, président de Constructi­on Bayard, qui fabrique des charpentes de maisons neuves à Saint-mathieu-de-beloeil, en Montérégie, dans sa cour à bois.
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JULIE CREVIER Groupe BMR

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