Le Journal de Quebec

Ils quittent le Québec

Des immigrants francos en ont assez des délais

- Génie chimique à l’université Mcgill Georges Youne veut s’établir en Ontario. JULES RICHER

« ÇA ME BRISE VRAIMENT LE COEUR DE PARTIR DU QUÉBEC »

– Georges Youne

À bout de patience avec les délais de traitement de leurs demandes, des immigrants francophon­es ont décidé de quitter le Québec pour s’installer ailleurs au Canada.

Ils ont choisi de profiter de l’ouverture d’un nouveau programme rapide d’immigratio­n lancé par Ottawa qui permettra à 90 000 travailleu­rs essentiels et étudiants internatio­naux canadiens d’obtenir leur résidence permanente dans une province autre que le Québec.

« Ça me brise vraiment le coeur de partir du Québec », a souligné Georges Youne, un étudiant d’origine libanaise, inscrit présenteme­nt au doctorat en génie chimique à l’université Mcgill, en entrevue avec notre Bureau d’enquête.

Exaspéré par les délais d’attente, M. Youne, dont le français est la deuxième langue après l’arabe, veut s’installer en Ontario. Pourtant, il avait choisi Montréal pour être plus près de membres de sa famille déjà présents au Québec.

Comportant des clauses favorisant les francophon­es, le programme fédéral a commencé à accueillir les candidatur­es jeudi dernier et se terminera en novembre prochain.

SIX MOIS

Au lieu d’attendre au-delà de trois ans avant d’être reçues comme résidents permanents, comme c’est le cas au Québec, les personnes admissible­s au programme fédéral n’auront qu’à patienter six mois avant d’être acceptées. Celles qui se trouvent au Québec doivent s’engager à aller s’établir dans le reste du Canada.

Plus de 51 000 immigrants sont actuelleme­nt en attente pour obtenir une résidence permanente dans la province ; un retard jamais vu.

Québec et Ottawa se renvoient la balle dans le dossier, s’accusant mutuelleme­nt d’être à la source des retards dans le traitement des demandes.

BEAUCOUP D’ATTRAIT

Pour Thibault Camara, du groupe Le Québec c’est nous aussi, il est clair que le programme lancé cette semaine par le fédéral exerce beaucoup d’attrait chez les immigrants francophon­es.

« Aujourd’hui, il y a plus d’avantages comme francophon­es à immigrer dans le reste du Canada qu’au Québec », lance-t-il.

Selon lui, la popularité du programme se mesure par l’affluence constatée au centre situé au Collège Stanislas, à Montréal, qui effectue les tests de français nécessaire­s pour soumettre une candidatur­e.

« Il n’y a plus de places jusqu’en juillet », dit-il.

Arrivé au Québec en 2015 depuis la France, Clément Sageste, quant à lui, « en a marre » d’attendre pour sa résidence permanente. « J’aurai presque 40 ans l’année prochaine. Je n’ai pas envie de mettre 10 ans de plus à sortir de mon statut temporaire », explique-t-il.

Alors, sa décision est prise : grâce au nouveau programme fédéral, il veut partir pour Toronto ou Vancouver, où il tentera sa chance dans le secteur du cinéma. Il a obtenu récemment, au Québec, un diplôme en photograph­ie profession­nelle.

C’est un choix qu’il fait à contrecoeu­r, puisqu’il aime le Québec.

« Quand je suis venu ici, on m’a fait des promesses [pour obtenir la résidence permanente] qu’on n’a pas tenues », déplore-t-il.

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L’étudiant au doctorat en

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