Le Journal de Quebec

UNE PREMIÈRE EN 112 ANS

Le Canadien a disputé une rencontre sans pouvoir compter sur un seul joueur québécois en uniforme

- – Avec Jean-françois Chaumont Jonathan Bernier l Jbernierjd­m Jonathan. bernier @quebecorme­dia.com

Il s’en était fallu de peu samedi, mais avec Phillip Danault et Jonathan Drouin sur la touche, ce n’était que partie remise. Hier soir, pour la première fois en 112 ans d’histoire, le Canadien a disputé un match sans la présence d’un seul joueur québécois dans sa formation.

Le retour de Paul Byron, après une absence de neuf parties en raison d’une blessure, a renvoyé Alex Belzile sur l’escouade de réserve, avant la défaite d’hier soir, 4 à 3 aux mains des Oilers d’edmonton (voir autres textes en pages 58 à 61).

Amorcée le 19 janvier 1910, la séquence a donc pris fin au 6918e match de saison régulière du Canadien.

« Ce sont les circonstan­ces qui ont mené à ça. Phillip Danault est un joueur important, comme Jonathan Drouin. Il y a une dizaine de joueurs québécois qui sont avec le Rocket de Laval [en fait, il y en a neuf, en tout, dans l’organisati­on]. Mais ce sont les circonstan­ces, et c’est comme ça », a fait valoir Dominique Ducharme, en matinée.

Tel qu’on l’écrivait samedi matin, avant que le Tricolore n’annonce la présence de Belzile dans sa formation, par Québécois, on identifie les hockeyeurs qui sont nés ou qui ont grandi dans la Belle Province. On ne parle pas strictemen­t de francophon­es.

Doug Harvey, Dickie Moore, Torrey Mitchell sont tous inclus dans le décompte des Québécois qui ont porté l’uniforme du Canadien. À l’inverse, des FrancoOnta­riens comme Aurèle Joliat et Benoit Pouliot ne se qualifient pas.

Ce n’est pas une question de langue.

« VRAIMENT DE LA MALCHANCE »

« C’est plate, mais quand on analyse la situation, on comprend que c’est en raison de blessures. Si on avait entrepris un camp sans aucun joueur originaire du Québec, j’aurais peut-être eu une petite panique. Là, c’est vraiment de la malchance », a soutenu l’ex-joueur Maxim Lapierre, rejoignant les propos de l’entraîneur du CH.

« Nous avons un peuple fier au Québec. Nous sommes fiers de nos origines, et le hockey fait partie de notre culture. Historique­ment, il y a toujours eu des gars du Québec avec le Canadien. C’est triste, ça fait bizarre de ne pas en avoir un », a indiqué le retraité Steve Bégin, soulignant au passage que la situation avait été provoquée par un malheureux hasard.

BOUDÉ AU REPÊCHAGE

Hasard ou pas, malchance ou pas, il fallait s’attendre à ce que cette longue séquence se termine un jour. La fin du règne de Bob Gainey et le début de celui de Pierre Gauthier ont marqué le début de la tendance ayant mené à ce moment historique. De huit Québécois en 2008-2009, le Canadien est passé à trois en l’espace de quatre saisons.

« Je trouve ça décevant, considéran­t la quantité de bons joueurs originaire­s du Québec, qu’on ne soit pas capable d’en avoir toujours au moins un dans la formation. Si je peux trouver les bons mots, je dirais que c’est triste », a indiqué Guillaume Latendress­e, qui a porté les couleurs du Tricolore de 2006-2007 à 2009-2010.

Latendress­e a été un choix de deuxième tour du CH en 2005. À une époque où l’équipe pigeait encore dans sa cour.

Présenteme­nt, incluant ceux qui portent les couleurs du club-école, il y a neuf Québécois au sein de l’organisati­on. Un seul d’entre eux a été un choix du CH au repêchage : Rafael Harvey-pinard, sélectionn­é en septième ronde, en 2019.

Depuis 2012, Montréal a sélectionn­é sept Québécois sur 68 choix. Outre Zachary Fucale, appelé en deuxième ronde, aucun n’a été repêché avant le cinquième tour.

À TRAVERS LA LIGUE

Cette situation cache probableme­nt un autre problème.

Cette saison, 53 joueurs d’ici (excluant les gardiens Marc-andré Fleury et Jonathan Bernier) ont disputé au moins une rencontre dans la LNH.

De ce nombre, 33 ont revêtu l’uniforme pour au moins la moitié des matchs de leur équipe respective. C’est en plein dans la moyenne des 10 saisons précédente­s. Une moyenne qui se situe à 32,6.

Trente-trois joueurs pour 31 formations. On a beau dire que le hockey est devenu un sport universel, il est triste que constater que le Québec peine à suivre la parade.

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PHOTO MARTIN CHEVALIER Aucun joueur québécois n’était assis au banc du Canadien, hier soir, au Centre Bell.
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