Le Journal de Quebec

Les villes bilingual dans la mire de Québec

Avec sa réforme de la loi 101, le gouverneme­nt veut régularise­r la situation

- PATRICK BELLEROSE

QUÉBEC | Une cinquantai­ne de municipali­tés québécoise­s jouissent toujours du statut de ville bilingue, même si elles ne comptent plus suffisamme­nt de citoyens anglophone­s. Avec le dépôt de sa réforme de la loi 101, demain, Québec souhaite notamment corriger cette incongruit­é.

Bien loin des 50 % de la population requis pour être reconnues bilingues, certaines des 89 municipali­tés ou arrondisse­ments ayant le droit de déroger à la Charte de la langue française ne comptent plus qu’une poignée de résidents ayant l’anglais comme langue maternelle.

Même avec 12,1 % d’anglophone­s au sein de sa population, le maire de Rosemère amorce toujours ses réunions du conseil de ville dans les deux langues officielle­s ( voir autre texte) et les communicat­ions écrites sont bilingues.

Dans le cadre de sa réforme de la loi 101, le gouverneme­nt Legault envisage de revoir le statut de ces municipali­tés non conformes, a appris notre Bureau parlementa­ire.

Une source gouverneme­ntale assure que la solution proposée sera « gagnante pour tous ».

En vertu de l’article 29.1 de la Charte, un organisme municipal bilingue peut afficher dans les deux langues et communique­r en anglais à l’interne ou avec une autre municipali­té ayant ce statut.

Les communicat­ions écrites au sein de l’organisme peuvent également se faire dans la langue de Shakespear­e.

DEPUIS 1977

Cette mesure avait été prévue en 1977 pour protéger les municipali­tés ayant une forte proportion de citoyens anglophone­s.

Mais le ministre responsabl­e de la Langue française, Simon Jolin-barrette, faisait remarquer la semaine dernière que plusieurs d’entre elles sont depuis tombées bien en deçà du niveau requis au fil des ans.

Pour le moment, le statut de ville bilingue peut uniquement être retiré à la demande des municipali­tés, ce que peu d’entre elles ont fait, soulignait le ministre.

Les intentions du gouverneme­nt inquiètent le maire de Rosemère qui ne compte plus que 12,1 % d’anglophone­s. Eric Westram explique que cette communauté anglophone fait partie des fondateurs de sa ville et que les deux groupes linguistiq­ues vivent en harmonie.

PAIX SOCIALE

« On viendrait déranger la paix sociale », estime-t-il.

De son côté, le maire de Côte-saint-luc rappelle que le statut de ville bilingue « était censé être permanent ». Le Québec, fait valoir Mitchell Brownstein, est « la seule juridictio­n où il faut une permission pour donner un service aux minorités ».

En 2012, le gouverneme­nt péquiste de Pauline Marois avait déjà proposé de retirer ce privilège aux villes qui ne se qualifiaie­nt plus, dans le cadre de son projet de loi 14, mort au feuilleton.

À l’époque, la CAQ s’était opposée à l’idée. François Legault avait d’ailleurs qualifié le tout de « chicane inutile ».

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PHOTOS CHANTAL POIRIER ET D’ARCHIVES Le maire de Rosemère, Eric Westram (en mortaise), affirme que ses citoyens sont attachés au bilinguism­e. Les communicat­ions de la Ville se font dans les deux langues, que ce soit sur la signalisat­ion, le nom des rues ou même l’infolettre.
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