L’ordre sévit contre 20 pharmaciens
Ces ex-associés du « roi de la pharmacie » avec Uniprix ont empoché des milliers $ en ristournes illégales
Quatre ans après la chute du « roi de la pharmacie », ses ex-associés se voient à leur tour mis à l’amende par leur ordre professionnel.
Depuis 2019, une vingtaine d’exassociés de Jonathan-yan Perreault ont été sanctionnés par le Conseil de discipline de l’ordre des pharmaciens du Québec (OPQ), recevant des amendes allant jusqu’à 50 000 $ pour avoir accepté des ristournes illégales de fabricants de médicaments.
Des pharmaciens ont perçu jusqu’à 200 000 $ du grossiste Mckesson, de 2013 à 2015, selon une entente confidentielle entre Uniprix et le fabricant.
Le pharmacien s’engageait notamment à acheter 90 % de ses produits auprès de Mckesson en échange d’un versement mensuel. Des ententes similaires impliquaient aussi les entreprises Apotex et Actavis.
MODUS OPERANDI
Les pharmaciens sanctionnés sont tous d’ex-associés du « roi de la pharmacie » déchu, Jonathan-yan Perreault, qui a vu tout son empire s’écrouler.
Les jugements rendus mettent en lumière le modus operandi d’uniprix et de Perreault. Ces ex-associés étaient souvent de jeunes pharmaciens cherchant à devenir propriétaires pour la première fois, mais sans les fonds nécessaires.
Uniprix leur proposait alors de s’allier à Perreault et de signer l’entente avec Mckesson. Les deux étaient conditionnels à ce qu’ils puissent devenir propriétaires. Plusieurs devaient signer une convention de prête-nom, car Perreault voulait cacher ses parts.
Les pharmaciens ont raconté au Conseil de discipline s’être fiés « aveuglément » à Uniprix et à Perreault, ne consultant pas d’avocat par exemple, faisant ainsi preuve « d’une grande naïveté ».
CONFIANCE MISE À MAL
Plusieurs ont exprimé avoir vécu des difficultés financières dans cette débâcle, contractant des dettes. D’autres ont évoqué un stress énorme.
C’est la protection du public et la confiance envers le pharmacien qui ont été mises à mal dans ce dossier, dit la directrice générale de L’OPQ, Manon Lambert.
Si le recours à un prête-nom n’est pas illégal, l’ordre doit savoir qui est propriétaire d’une pharmacie pour inspecter le professionnel ou permettre des recours aux clients lésés, par exemple.
Les ristournes de fabricants sont aussi permises, mais elles doivent se limiter à 15 % et servir à améliorer les services.
« AIGUISER SES DENTS »
Si les sanctions données aux pharmaciens se veulent dissuasives, L’OPQ demande aussi à la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) « d’aiguiser ses dents » avec les pharmaceutiques.
L’an dernier, Mckesson Canada a versé 21,5 millions $ à la RAMQ dans une entente confidentielle, mais sans admission de responsabilité. C’est la deuxième fois qu’une telle entente survient entre le fabricant et la Régie.
Mais la RAMQ reste muette concernant Apotex et Actavis.
« Si on agit sur un côté, mais pas sur l’autre, ce sera extrêmement difficile », dit Mme Lambert, soulignant que l’ordre peut seulement sévir sur ses membres.
En 2017, Mckesson Canada a fait l’acquisition d’uniprix. Le porte-parole Andrew Forgione dit que le fabricant travaille à ce que ses pratiques « rigoureuses » soient reflétées dans la bannière.