Le Journal de Quebec

Une famille endeuillée réclame qu’on informe les locataires

Elle avait avisé les propriétai­res que le virus circulait dans leur immeuble

- PIERRE-PAUL BIRON

La famille d’un homme de 48 ans mort de la COVID-19 déplore que les propriétai­res immobilier­s ne soient pas tenus de divulguer les cas dans leurs complexes. Cela aurait peut-être permis d’éviter des cas et un autre décès au Village de l’anse, à Québec, croit la soeur de la victime.

Steve Lefrançois a été hospitalis­é le 15 avril après avoir contracté la COVID-19 même s’il était en télétravai­l et qu’il sortait peu de chez lui.

« Il avait vraiment peur du virus. […] Il n’arrêtait pas de me dire qu’il avait hâte que ce soit son tour pour aller se faire vacciner », raconte sa soeur, Sylvie Lefrançois.

Dans les jours suivant son hospitalis­ation, M. Lefrançois est placé dans un coma et décédera finalement le 7 mai.

Deux jours avant sa mort, la publicatio­n d’un reportage sur des cas au Village de l’anse a fait bondir la famille. Le Journal y rapportait que la direction avait pris certaines mesures et avait avisé les résidents que le virus circulait.

« On a communiqué avec eux le 17 avril pour les aviser de la situation de mon frère. Je leur ai dit de faire attention, que mon frère avait la COVID », raconte Mme Lefrançois.

« Et là, on apprend que le monde a été avisé juste deux semaines plus tard », lance la dame qui croit qu’on aurait pu éviter des cas et des décès en agissant plus tôt.

PAS TENUS DE DÉCLARER LES CAS

Joint par Le Journal, le directeur général d’immeuble Populaire de Québec, Michel Côté, assure que tout a été fait dans les règles.

« La Santé publique s’occupe des cas directemen­t et ils ne nous demandent pas d’intervenir dans les logements. Ils ne sont pas tenus de nous mettre au courant parce qu’on n’est pas une RPA », explique M. Côté. Les documents de la Société d’habitation du Québec à l’intention des propriétai­res le confirment.

Quant à la possibilit­é d’aviser les résidents après avoir été mis au courant de la présence du virus par la famille, le gestionnai­re indique qu’il n’était en aucun cas tenu de le faire. « Ce qui se passe dans les logements et les avis aux locataires, ça ne vient pas de nous autres, c’est la Santé publique », souligne le directeur général, précisant avoir réagi promptemen­t aux demandes du CIUSSS qui sont venues au début mai.

TROP TARD ?

Mais à ce moment, est-ce qu’il était déjà trop tard ? se demande la famille de Steve Lefrançois.

« On ne dit pas qu’ils ne l’ont pas fait [prendre des mesures], mais ça a pris combien de temps ? Ça en a laissé combien s’infecter », questionne Sylvie Lefrançois.

Vu le caractère confidenti­el des enquêtes épidémiolo­giques, la Santé publique refuse de confirmer le nombre de cas recensés au Village de L’anse. Des échos à l’interne font toutefois état d’une trentaine de personnes malades. La direction confirme deux décès.

La région de Québec comptait hier 60 nouveaux cas de COVID-19, en plus de 2 décès. Sur la Rive-sud, on enregistre 94 nouvelles infections et 1 décès supplément­aire. La situation demeure stable dans les hôpitaux des deux régions.

 ?? PHOTOS STEVENS LEBLANC ET COURTOISIE ?? Steve Lefrançois ( en mortaise) est décédé des suites de la COVID-19 à l’âge de 48 ans. Après qu’il ait été hospitalis­é rapidement, sa soeur Sylvie ( en mortaise) et ses proches ont avisé les dirigeants de son immeuble que le virus circulait, mais l’informatio­n n’a pas été partagée aux autres locataires. Un autre homme a perdu la vie depuis.
PHOTOS STEVENS LEBLANC ET COURTOISIE Steve Lefrançois ( en mortaise) est décédé des suites de la COVID-19 à l’âge de 48 ans. Après qu’il ait été hospitalis­é rapidement, sa soeur Sylvie ( en mortaise) et ses proches ont avisé les dirigeants de son immeuble que le virus circulait, mais l’informatio­n n’a pas été partagée aux autres locataires. Un autre homme a perdu la vie depuis.

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