Le Journal de Quebec

Des gilets pare-balles douteux

Les agents de protection de la faune s’inquiètent après qu’un test a montré la vulnérabil­ité de leur équipement

- CHARLES LECAVALIER

Les agents de protection de la faune sont inquiets depuis qu’un test de tir sur leurs gilets pare-balles a révélé la vulnérabil­ité de leur équipement de protection : sur 17 balles, cinq l’ont traversé.

« Ça fait déjà un an que l’employeur est au courant et qu’il ne s’est rien passé. Il faut trouver la meilleure veste pour le travail qu’on fait », lance Martin Perreault, le président du Syndicat des agents de protection de la faune, en entrevue avec le Journal.

À l’été 2019, deux instructeu­rs de tirs, à la demande du ministère, ont effectué un test de résistance sur les gilets pare-balles que portent les agents lors de leurs interventi­ons avec une arme de service et des munitions « frangibles » utilisées lors des pratiques de tir. Sur 17 coups, cinq ont traversé l’armure. Le rapport a été remis au ministère en 2020.

PRATIQUES DE TIRS ANNULÉES

Depuis, rien n’a été fait, dénonce M. Perreault. Cette année, les pratiques de tirs du printemps ont été annulées. «Les instructeu­rs ont dit : ça n’a pas de bon sens. Il n’est jamais rien arrivé sur un champ de tir, mais n’attendons pas qu’il arrive quelque chose pour bouger », dit-il.

Le syndicat déplore également que les vestes actuelles ne soient pas conçues pour arrêter le tir d’armes longues, que l’on retrouve à la chasse.

«Durant cette période de l’année, chaque interventi­on se fait auprès d’une personne armée», indique M. Perreault. «Il faut trouver de nouvelles vestes qui ont un meilleur niveau de certificat­ion, qui peuvent stopper les gros calibres. »

Du côté du ministère de la Faune, le lieutenant Sylvain Marois tient un tout autre discours. Il affirme que les gilets offerts aux agents de protection de la faune respectent la norme NIJ (National Institute of Justice), une certificat­ion émise par une branche du départemen­t de la Justice des États-unis. « On fait toujours un suivi de nos équipement­s de sécurité », affirme-t-il.

« IL FAUT TROUVER DE NOUVELLES VESTES QUI ONT UN MEILLEUR NIVEAU DE CERTIFICAT­ION, QUI PEUVENT STOPPER LES

GROS CALIBRES »

– Martin Perreault, le président du Syndicat des agents de

protection de la faune

PAS DES « TESTS OFFICIELS »

Mais est-il normal que cinq balles sur 17 traversent un gilet conçu pour les stopper ? Le cabinet du ministre de la Faune, Pierre Dufour, rétorque qu’il « s’agit de tests internes à la PFQ et non de tests effectués dans un environnem­ent contrôlé en laboratoir­e. À ce titre, ils ne peuvent donc pas être considérés comme des tests officiels. Ces résultats sont uniquement à titre indicatif », indique le directeur des communicat­ions, Michel Vincent.

Le ministère évalue toutefois la pertinence d’acheter des vestes de niveau 3, plus résistante­s.

Les gilets pare-balles des agents de la faune sont comparable­s à ceux portés par les policiers de la Sûreté du Québec. Du côté du syndicat des policiers et policières provinciau­x, on indique que les policiers font des « tests maison » sur chaque lot de gilets. «C’est déjà arrivé que dans un lot de vestes, avant la date d’expiration de 10 ans, que certains équipement­s ne répondaien­t plus au critère et les vestes ont été changées », affirme le président du syndicat, Dominic Ricard.

Ce dernier a d’ailleurs demandé des « vérificati­ons » après avoir été mis au courant de l’exercice mené par les agents de la faune.

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PHOTO COURTOISIE Le président du Syndicat des agents de protection de la faune du Québec, Martin Perreault, estime que les agents doivent avoir un meilleur équipement afin d’être mieux protégés sur le terrain.

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