Des gilets pare-balles douteux
Les agents de protection de la faune s’inquiètent après qu’un test a montré la vulnérabilité de leur équipement
Les agents de protection de la faune sont inquiets depuis qu’un test de tir sur leurs gilets pare-balles a révélé la vulnérabilité de leur équipement de protection : sur 17 balles, cinq l’ont traversé.
« Ça fait déjà un an que l’employeur est au courant et qu’il ne s’est rien passé. Il faut trouver la meilleure veste pour le travail qu’on fait », lance Martin Perreault, le président du Syndicat des agents de protection de la faune, en entrevue avec le Journal.
À l’été 2019, deux instructeurs de tirs, à la demande du ministère, ont effectué un test de résistance sur les gilets pare-balles que portent les agents lors de leurs interventions avec une arme de service et des munitions « frangibles » utilisées lors des pratiques de tir. Sur 17 coups, cinq ont traversé l’armure. Le rapport a été remis au ministère en 2020.
PRATIQUES DE TIRS ANNULÉES
Depuis, rien n’a été fait, dénonce M. Perreault. Cette année, les pratiques de tirs du printemps ont été annulées. «Les instructeurs ont dit : ça n’a pas de bon sens. Il n’est jamais rien arrivé sur un champ de tir, mais n’attendons pas qu’il arrive quelque chose pour bouger », dit-il.
Le syndicat déplore également que les vestes actuelles ne soient pas conçues pour arrêter le tir d’armes longues, que l’on retrouve à la chasse.
«Durant cette période de l’année, chaque intervention se fait auprès d’une personne armée», indique M. Perreault. «Il faut trouver de nouvelles vestes qui ont un meilleur niveau de certification, qui peuvent stopper les gros calibres. »
Du côté du ministère de la Faune, le lieutenant Sylvain Marois tient un tout autre discours. Il affirme que les gilets offerts aux agents de protection de la faune respectent la norme NIJ (National Institute of Justice), une certification émise par une branche du département de la Justice des États-unis. « On fait toujours un suivi de nos équipements de sécurité », affirme-t-il.
« IL FAUT TROUVER DE NOUVELLES VESTES QUI ONT UN MEILLEUR NIVEAU DE CERTIFICATION, QUI PEUVENT STOPPER LES
GROS CALIBRES »
– Martin Perreault, le président du Syndicat des agents de
protection de la faune
PAS DES « TESTS OFFICIELS »
Mais est-il normal que cinq balles sur 17 traversent un gilet conçu pour les stopper ? Le cabinet du ministre de la Faune, Pierre Dufour, rétorque qu’il « s’agit de tests internes à la PFQ et non de tests effectués dans un environnement contrôlé en laboratoire. À ce titre, ils ne peuvent donc pas être considérés comme des tests officiels. Ces résultats sont uniquement à titre indicatif », indique le directeur des communications, Michel Vincent.
Le ministère évalue toutefois la pertinence d’acheter des vestes de niveau 3, plus résistantes.
Les gilets pare-balles des agents de la faune sont comparables à ceux portés par les policiers de la Sûreté du Québec. Du côté du syndicat des policiers et policières provinciaux, on indique que les policiers font des « tests maison » sur chaque lot de gilets. «C’est déjà arrivé que dans un lot de vestes, avant la date d’expiration de 10 ans, que certains équipements ne répondaient plus au critère et les vestes ont été changées », affirme le président du syndicat, Dominic Ricard.
Ce dernier a d’ailleurs demandé des « vérifications » après avoir été mis au courant de l’exercice mené par les agents de la faune.