Le Journal de Quebec

« Le Tchernobyl du 21e siècle »

Un rapport internatio­nal fait état de lacunes importante­s dans la gestion de la pandémie par plusieurs pays

- ROXANE TRUDEL – Avec L’AFP

La pandémie qui a tué plus de 3,3 millions de personnes est le « Tchernobyl du XXIE siècle » et « aurait pu être évitée » si tous les pays, dont le Canada, s’étaient regroupés pour travailler de concert, dévoile un rapport dévastateu­r de L’OMS.

« Il est clair que la combinaiso­n de mauvais choix stratégiqu­es, d’un manque de volonté de s’attaquer aux inégalités, d’un déni d’évidences scientifiq­ues [...] et d’un système manquant de coordinati­on a créé un cocktail toxique qui a permis à la pandémie de se transforme­r en une crise humaine catastroph­ique », soutient le rapport d’experts indépendan­ts publié hier.

« Une myriade d’échecs, de lacunes et de retards dans la préparatio­n et la réponse » a engendré une telle tournure, a déclaré hier Ellen Johnson Sirleaf, l’une des coprésiden­tes de ce panel.

PRÉPARER LA PROCHAINE

Et il faut travailler le système internatio­nal une bonne fois pour toutes, parce que la pandémie de la COVID-19 est loin d’être la dernière infection virale qui impactera l’homme, prévient le rapport.

Le groupe d’experts recommande aux gouverneme­nts et à la communauté internatio­nale d’adopter sans délai un ensemble de réformes visant à transforme­r le système mondial de préparatio­n, d’alerte et de réponse aux pandémies.

« Trop de temps s’est écoulé » entre la notificati­on des premiers cas vers la midécembre 2019 et la réaction des gouverneme­nts après que la situation a été qualifiée de pandémie le 11 mars 2020. Février 2020 a été un « mois perdu » durant lequel bon nombre de pays auraient dû agir.

MEILLEURE COMMUNICAT­ION

« Il faut qu’il y ait une voie de communicat­ion entre les différents pays pour prévenir dès qu’on a un virus à un endroit. Avec l’augmentati­on des déplacemen­ts internatio­naux, ça se répand très rapidement et aucun pays n’est à l’abri », explique Roxane Borgès Da Silva, professeur­e à l’école de santé publique de l’université de Montréal.

« Contrairem­ent à l’australie, le fédéral ne s’est jamais assis avec ses provinces pour établir un plan pancanadie­n clair », ajoute Simon Bacon, professeur de médecine comporteme­ntale.

« Certaines décisions créent une incohérenc­e, d’autant plus que les deux disent s’appuyer sur la science », complète Roxane Borgès Da Silva.

C’est maintenant qu’il faut saisir le momentum et travailler le système, avant que les priorités changent comme cela a été le cas après la première éclosion de SarsCov au début des années 2000, martèle Simon Bacon.

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PHOTO D’ARCHIVES CHANTAL POIRIER Sortie du corps d’un patient dans un CHSLD de Montréal au début de la crise, en mars, dans les résidences pour personnes âgées.

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