Le Journal de Quebec

Boom du personnel de labo sans formation collégiale

La pénurie de technologi­stes médicaux fait craindre des erreurs à leur syndicat

- HUGO DUCHAINE

Le recours au personnel technique sans formation collégiale a explosé dans des laboratoir­es médicaux du Québec durant la dernière année, notamment en raison de la pandémie.

Ces travailleu­rs, appelés « technicien­s classe B », sont presque 10 fois plus nombreux que l’an passé dans les laboratoir­es qui desservent Laval, les Laurentide­s et Lanaudière, passant de sept à 64.

Leur nombre a aussi plus que doublé au laboratoir­e Montréal-chum en 2020, grimpant de 21 à 55. Ils sont aussi une vingtaine de plus au laboratoir­e Montréal-cusm.

C’est l’alliance du personnel profession­nel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) qui a compilé ces nouvelles embauches, s’inquiétant de voir le rôle des technologi­stes médicaux s’effriter en raison d’une grave pénurie et craignant l’impact sur la qualité des analyses.

Le recours à ces travailleu­rs représente un risque, selon l’ordre profession­nel des technologi­stes médicaux.

Toutefois, les dirigeants des laboratoir­es assurent qu’on ne pourrait pas se passer de ces travailleu­rs ( voirtextec­i-contre).

CRAINTE D’ERREURS

« On craint des erreurs d’analyses en raison du manque de personnel diplômé dans les laboratoir­es », soutient la présidente de L’APTS, Andrée Poirier.

Les technologi­stes médicaux sont responsabl­es d’analyser les prélèvemen­ts, comme de sang ou d’urine, mais aussi les biopsies pour détecter un cancer, par exemple. Ces travailleu­rs ont aussi été énormément sollicités depuis un an avec les millions de tests de dépistage de la COVID-19.

Leurs analyses sont nécessaire­s dans environ 85 % des diagnostic­s, rappelle leur syndicat. Ils détiennent une formation collégiale de trois ans.

Les technicien­s de classe B travaillen­t normalemen­t sous la supervisio­n d’un technologi­ste. Ils n’ont pas besoin d’études spécifique­s.

Autant les laboratoir­es que le ministère de la Santé et des Services sociaux assurent qu’ils n’effectuent aucun acte réservé aux diplômés.

Mais, derrière les portes closes des laboratoir­es, des technologi­stes déplorent que le travail ne soit pas toujours défini.

« Ce n’est pas clair et précis, l’employeur les met où il veut [...] Et ils ont bien beau ne pas valider de résultats, mais si toutes les tâches avant ont été faites par eux… C’est inquiétant », affirme une technologi­ste médicale de Montréal, sous le couvert de l’anonymat, craignant des représaill­es.

S’ARRÊTER OÙ ?

« Je veux bien déléguer des actes, mais ça va s’arrêter où ? » demande un autre technologi­ste de Laval, des Laurentide­s et de Lanaudière. S’il reconnaît qu’il a besoin d’aide, il se demande s’il s’agit de la meilleure solution.

« Comme payeur de taxes, je voudrais que ce soit du personnel qualifié qui touche à mes analyses », poursuit-il.

L’APTS milite pour une vaste campagne de valorisati­on de la profession, des bourses incitative­s et des hausses salariales pour favoriser l’attraction et la rétention de personnel.

Par exemple, le plus haut échelon salarial d’un technologi­ste au Québec, soit près de 34 $/h, est inférieur au salaire d’entrée en Ontario, dit-elle.

 ?? PHOTO HUGO DUCHAINE ?? Alyssa-jayne Tain est l’une des technicien­nes de classe B, soit sans formation collégiale, qui prêtent main-forte au laboratoir­e de la Cité-de-la-santé, à Laval. On vient combler la grave pénurie de technologi­stes médicaux, ce qui inquiète le syndicat APTS.
PHOTO HUGO DUCHAINE Alyssa-jayne Tain est l’une des technicien­nes de classe B, soit sans formation collégiale, qui prêtent main-forte au laboratoir­e de la Cité-de-la-santé, à Laval. On vient combler la grave pénurie de technologi­stes médicaux, ce qui inquiète le syndicat APTS.

Newspapers in French

Newspapers from Canada