Le Journal de Quebec

Payer 80 $ de l’heure pour un tricheur à ses examens en ligne

Le confinemen­t est bénéfique pour ceux qui vendent ces « services » aux étudiants

- FRANCIS PILON

La tricherie dans les cégeps du Québec prend une nouvelle tournure durant la pandémie puisque certains étudiants sont maintenant prêts à payer de gros montants pour que des spécialist­es passent leurs examens en ligne à leur place.

C’est le cas de Damien, 19 ans, un étudiant au Collège de Maisonneuv­e, à Montréal, qui préfère taire son nom de famille par peur de représaill­es. Il a payé des centaines de dollars à un service vendu sur le réseau social Snapchat.

« Je ne sais pas comment j’aurais pu réussir mes deux dernières compositio­ns en littératur­e sans acheter ce service-là. On n’a pas beaucoup d’aide de nos profs avec les cours à distance, il faut se débrouille­r comme on peut », assure Damien.

Selon lui, plusieurs personnes sans scrupule vendent leur service sur les réseaux sociaux pour aider les étudiants à plagier durant le confinemen­t. Le Journal a trouvé au moins deux de ces services qui peinent à répondre à la forte demande des cégépiens présenteme­nt en fin de session.

« Évitez d’envoyer des messages la veille de vos examens [en ligne]. On a beaucoup de demandes à gérer », écrit la personne derrière le compte Instagram « Cote R Hero », qui garantit des notes d’au moins 75 % à ses clients.

AIDE OU TRICHE ?

Contactée par notre représenta­nt, celle-ci refuse de s’identifier.

« Les tarifs sont de 50 $ de l’heure », nous explique-t-on. Notre service se base sur l’aide à la réussite plutôt que la triche. »

Sur Snapchat, le compte « Lastsecond Tutors » propose des tarifs qui tournent aux alentours de 80 $ de l’heure.

L’utilisateu­r derrière ce profil n’a jamais répondu à nos demandes d’entrevue. Il propose aux étudiants de réaliser leurs travaux et leurs examens en ligne de chimie, de physique, de mathématiq­ue, de français et même d’anglais. Note garantie ? Minimum 80 %.

Bernard Tremblay, président-directeur général de la Fédération des cégeps, affirme qu’il n’a jamais entendu parler de cette technique de plagiat dans le passé.

« Il y a des gens qui trichent depuis que l’école existe. C’est la première fois que j’entends parler de ça avec les réseaux sociaux. Mais c’est sûr que les gens sont créatifs. Ils essaient toutes sortes de formules au fil des années », commente M. Tremblay.

Selon la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), aucun cégep du Québec n’a recours à la télésurvei­llance durant les examens.

« Je pense que c’est l’occasion de se demander si les examens en ligne sont la bonne formule à utiliser durant la pandémie », affirme Noémie Veilleux, présidente de la FECQ.

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PHOTO CHANTAL POIRIER Des comptes sur Snapchat et Instagram vendent leurs services et offrent aux étudiants de passer des examens à leur place.

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