Le Journal de Quebec

Pour une reconnaiss­ance du personnel en service de garde scolaire

- Nicole Baillargeo­n Enseignant­e, mère et ex-directrice d’école, Montréal

Quand mes enfants fréquentai­ent le service de garde au primaire, ils étaient emballés par les activités offertes. Ils me suppliaien­t de les inscrire à toutes les journées pédagogiqu­es et me rappelaien­t de ne pas venir les chercher trop tôt après le travail. « On a le gymnase ce soir », me disait mon garçon, enthousias­te.

Le service de garde scolaire est un service essentiel dont les familles québécoise­s ne peuvent plus se passer. En effet, une forte majorité d’élèves le fréquente aujourd’hui. Pourtant, il arrive encore que les locaux destinés au service de garde soient peu nombreux, exigus et regroupés dans des sous-sols mal fenestrés. Les écoles ont dû s’adapter à la hausse de la clientèle rapidement, en « agrandissa­nt par en dedans ». Les salles de classe sont aussi devenues des lieux de cohabitati­on entre les différents intervenan­ts de l’école.

Comme enseignant­e, il m’est périlleux de trouver un lieu calme pour travailler seule ou avec des élèves après mes cours. L’éducatrice de mon groupe doit, pour sa part, animer ses activités, en acceptant mes allées et venues, ainsi que l’espace restreint qui lui est réservé.

HORAIRES BRISÉS

Qui sont les personnes qui travaillen­t dans les services de garde scolaires ? Ce sont surtout des femmes. Ces éducatrice­s font en moyenne 20 heures par semaine et gagnent entre 21 $ et 24 $ l’heure, dans un horaire brisé dont l’amplitude est de 7 h à 18 h. À noter, une prime de 4 $ quotidienn­e est versée pour un horaire brisé… Qui peut subvenir aux besoins de sa famille en gagnant 500 $ par semaine de nos jours ?

Une tâche hebdomadai­re de 35 heures peut ressembler à ceci : de 7 h à 8 h, de 11 h à 13 h, puis de 15 h à 18 h. S’ajoutent à cela quelques heures de rencontres d’équipe et de planificat­ion. N’empêche, si l’on considère l’amplitude requise pour avoir une tâche pleine, n’est-ce pas là un salaire minimum déguisé ?

À Montréal, ce sont majoritair­ement des femmes immigrante­s qui acceptent de travailler dans ces conditions. Espérons que les nouvelles dispositio­ns de la convention collective du personnel enseignant, qui ne prévoit plus de surveillan­ce d’élèves, favorisero­nt la bonificati­on de l’horaire et du salaire de ces éducatrice­s.

DE VRAIES CHEFFES D’ORCHESTRE

La gestion des services de garde scolaires est assurée par des technicien­nes qui sont de véritables cheffes d’orchestre : embauche et supervisio­n du personnel, formation des groupes, journées pédagogiqu­es et sorties, facturatio­n, remplaceme­nts de dernière minute, traiteur, etc.

Lorsque j’étais directrice d’école, j’ai eu le privilège de travailler avec des technicien­nes d’expérience. Sans elles, l’ensemble de ces tâches aurait été pour moi un véritable casse-tête. Grâce à elles, notre service de garde de qualité a contribué grandement au rayonnemen­t de notre école.

Une technicien­ne gagne à peine plus qu’une éducatrice, soit de 22 $ à 29 $ l’heure. Au maximum de l’échelon, elle gagne près de 53 000 $, en effectuant un travail de gestion colossal. Quand reconnaîtr­a-t-on vraiment le travail inestimabl­e de la technicien­ne en service de garde scolaire ? Après tout, le service de garde n’est-il pas la porte d’entrée de la famille vers l’école ?

Chapeau, mesdames, pour votre travail remarquabl­e auprès de nos enfants et de nos élèves ! Bravo pour votre engagement et votre planificat­ion d’activités riches et variées. Merci d’accompagne­r nos enfants et nos élèves dans le développem­ent de leur plein potentiel.

Je vous souhaite une belle semaine des services de garde, ainsi qu’une convention collective qui vous reconnaîtr­a enfin à votre juste valeur.

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