Le Journal de Quebec

Une majorité approuve le plan

Les mesures caquistes pour contrer le déclin du français récoltent un fort appui dans la population québécoise

- PATRICK BELLEROSE

Au moment de dévoiler sa réforme de la loi 101, le gouverneme­nt Legault avait en poche un sondage démontrant un appui massif aux mesures qu’il souhaite appliquer pour protéger la langue française.

Chez les francophon­es, le taux d’approbatio­n pour les diverses propositio­ns oscille entre

72 % et 95 %, indique le coup de sonde de la firme Léger*.

Pour le cabinet du ministre

Simon Jolin-barrette, ces résultats témoignent d’un « consensus historique » autour de la défense de la langue française.

Le sondeur Jean-marc Léger abonde dans le même sens : il s’agit d’une « préoccupat­ion majeure » des Québécois, qui perçoivent un recul du français.

Sans surprise, toutefois, certaines modificati­ons sont reçues froidement par la communauté anglophone. Celle-ci s’oppose majoritair­ement à l’imposition du français comme langue d’usage, notamment au travail, mais accueille favorablem­ent les mesures incitative­s.

DEUX VISIONS

Si l’appui aux mesures diffère tant, c’est en partie parce que les « deux solitudes » ne partagent pas les mêmes craintes quant à la précarité du français au Québec.

68 % des répondants francophon­es se disent inquiets pour son avenir, contre 24 % des anglophone­s (32 % chez les allophones).

À Montréal, le schisme est encore plus grand, avec une proportion de 80 % contre 22 %. Jean-marc Léger y voit tout de même une bonne nouvelle : près d’un anglophone sur quatre se soucie de protéger la langue française : « c’est assez élevé », note-t-il.

Les réponses suivent les mêmes lignes de fracture quand on demande si la situation du français s’est améliorée au Québec depuis 10 ans : seulement 2 % des francophon­es répondent oui, contre 33 % des anglophone­s et 28 % des allophones.

APPÉTIT

CONSTITUTI­ONNEL

Les Québécois n’ont plus d’appétit pour les débats constituti­onnels ? Ce n’est pas ce que dit le coup de sonde.

Sans relancer les grandes manoeuvres à l’image de l’accord du lac Meech, le projet de loi prévoit deux mesures qui risquent de raviver les discussion­s sur la place du Québec au sein du Canada.

L’idée de reconnaîtr­e le français comme langue officielle du Québec dans la Constituti­on reçoit l’appui de 88 % des francophon­es (29 % des anglophone­s). Quant à elle, l’utilisatio­n de la clause dérogatoir­e pour prémunir la réforme contre les contestati­ons judiciaire­s s’attire la faveur de 74 % des répondants de langue française, mais de seulement 15 % des représenta­nts de la minorité historique.

APPUIS CLAIRS

Le coup de sonde a permis au gouverneme­nt de valider l’appui aux principale­s mesures de son projet de loi 96.

Le droit de travailler en français récolte la faveur des francophon­es : 88 % souhaitent appliquer la loi 101 aux entreprise­s de compétence fédérale, et 85 % veulent l’étendre aux entreprise­s de 25 à 49 employés.

Pour les commerces, 89 % des répondants de langue française soutiennen­t l’affichage à nette prédominan­ce dans la langue de Molière. Également, 82 % sont d’accord pour sanctionne­r financière­ment un commerçant qui refuse de servir sa clientèle en français. Seuls 19 % des répondants de langue anglaise adhéraient à cette mesure.

L’accueil largement favorable qu’a reçu la réforme fait dire à Jean-marc Léger que ces taux d’appuis ont dû se maintenir, voire augmenter.

JEUNES ET CÉGEPS

L’idée d’interdire aux francophon­es et aux allophones de fréquenter les cégeps de langue anglaise, proposée par le Parti québécois, ne récolte pas une majorité d’appuis.

Seulement 47 % des Québécois y sont favorables.

Étonnammen­t, le gouverneme­nt Legault n’a pas testé sa propre propositio­n, soit de contingent­er le nombre de places dans le réseau collégial anglophone.

Autre facteur important, la préoccupat­ion pour la survie du français croît avec l’âge.

De 18 à 24 ans, à peine 37 % des répondants disent craindre pour la situation de la langue officielle du Québec. À l’opposé, les baby-boomers ont connu les luttes pour franciser la société québécoise et craignent un retour en arrière. Chez les 55 ans et plus, 70 % des répondants se disent inquiets pour l’avenir de la langue française.

Le fait de vivre à Montréal ou non influence aussi grandement les réponses : une minorité de Montréalai­s (48 %) sont inquiets, alors que le coup de sonde obtient des majorités partout ailleurs au Québec.

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PHOTO D’ARCHIVES, CHANTAL POIRIER Les municipali­tés où l’anglais est minoritair­e perdront leur statut bilingue, mais pourront le retrouver en adoptant une simple résolution. Ci-haut, une signalisat­ion bilingue à Rosemère.
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SIMON JOLINBARRE­TTE Ministre

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