Le Journal de Quebec

Les rôles sont maintenant inversés

- RICHARD BOUTIN

Seul marathonie­n de l’isle-aux-coudres avec 42 départs à son actif, Paul Lajoie est très fier de l’exploit réalisé par Charles Castonguay, qui affirme de son côté que le coureur de 80 ans a été une inspiratio­n et une idole.

« Je suis bien fier de Charles, a mentionné l’octogénair­e dont le demi-marathon de l’isleaux-coudres porte désormais son nom. Je le connais depuis longtemps. Je le voyais à ses débuts comme coureur à l’âge de 14 ans. Ça m’a fait chaud au coeur quand il a écrit que j’étais son idole. Les rôles sont maintenant inversés. »

« Parce que je travaillai­s à l’hôtel Cap-auxPierres, je ne pouvais pas être sur le bord du parcours pour l’encourager, mais je sortais et je pouvais le voir du haut de la falaise quand il passait, de poursuivre M. Lajoie, qui court encore de 40 à 50 kilomètres par semaine. J’étais trop loin pour lui crier des encouragem­ents. Les gens sont tissés serré et Charles n’a pas manqué d’encouragem­ents. Il en avait bien besoin avec les montées du côté nord. »

S’il y a quelqu’un qui connaît bien les efforts nécessaire­s à la réussite d’un tel défi, c’est bien Richard Chouinard.

Professeur à la retraite au départemen­t d’éducation physique de l’université Laval et ancien enseignant de Castonguay, l’entraîneur du club de course de l’université Laval détient le record québécois de la distance, marque qui devrait être homologuée dans les prochaines semaines par la Fédération québécoise d’athlétisme, qui jusqu’à présent ne considérai­t que les performanc­es dans les discipline­s olympiques.

Chouinard avait signé un chrono de 6 h 36 min 57 s en 1979 à l’occasion de la nuit des 100 kilomètres de Montmagny, conservant une moyenne de 3 min 58 s par kilomètre. Sa performanc­e lui valait à l’époque le meilleur chrono en Amérique du Nord.

« Je l’avais rencontré il y a un mois et je lui avais souhaité de battre mon record, raconte Chouinard. Il ne visait pas le temps le plus rapide, mais d’obtenir des repères. J’avais fait la même chose en 1978 à ma première tentative avec un temps de 7 h 17 min. Marc Corcoran m’avait accompagné dans les derniers 30 kilomètres, ce qui avait été un gros facteur. Des 40 coureurs au départ, une vingtaine avaient franchi le fil d’arrivée. »

UN TEMPS « INTOUCHABL­E »

Castonguay envisage-t-il de s’attaquer à la marque de Chouinard dans le futur ?

« C’est intouchabl­e comme performanc­e, affirme-t-il. C’est inhumain de conserver une moyenne de 3 min 58 s du kilomètre. J’aimerais faire 4 min 15 s du kilomètre, mais le temps de Richard est trop rapide et hors de mes possibilit­és. »

L’année 1979 avait été remarquabl­e pour Chouinard qui avait signé sa meilleure performanc­e en carrière au marathon avec un temps de 2 min 27 s à Ottawa.

« J’étais dans un état de grâce à Montmagny, illustre Chouinard. Mon objectif était de battre le record nord-américain de 6 h 51 min détenu par un Marine américain et j’étais convaincu de pouvoir descendre sous la barre des sept heures, mais je ne l’aurais pas cru si quelqu’un m’avait dit que je réussirais un temps sous les 6 h 40 min. Je ne l’avais pas réalisé sur le coup, mais ma participat­ion à une course de 100 kilomètres avec un col de 900 mètres en Italie, quelques mois plus tôt, m’avait très bien préparé. »

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