Bezuidenhout rescapé par la vie
À l’âge de deux ans, il a ingurgité du poison à rats qui lui a causé des ennuis
La vie de Christiaan Bezuidenhout a basculé à l’âge de deux ans dans une rue de Delmas en Afrique du Sud. Petit bonhomme, il a mis la patte sur une bouteille de boisson gazeuse contenant plutôt du poison à rats. Un bon samaritain l’ayant vu boire une gorgée l’a transporté à l’hôpital en lui sauvant la vie. La ration avalée a toutefois causé des séquelles neurologiques qu’il traîne encore aujourd’hui.
Non seulement a-t-elle changé sa vie, mais les dommages collatéraux ont aussi failli lui coûter sa carrière sur les allées. Son histoire.
En affectant son système nerveux, le poison a causé des effets nocifs sur son développement à long terme.
Le gamin a très tôt éprouvé des problèmes d’élocution. Ceux-ci se sont aggravés et son bégaiement est devenu une intense source d’anxiété.
Si gêné et perdant toute confiance en parlant en public, il a décidé de consulter une psychologue à l’âge de 14 ans. Celle-ci lui a prescrit des bêtabloquants.
Ces médicaments, surtout utilisés pour traiter l’hypertension et l’insuffisance cardiaque, aident aussi à réduire les effets du stress chronique et de l’anxiété.
Sa médication lui permet enfin de retrouver sa confiance et de savourer la vie. Il ne passe plus en coup de vent dans les remises de trophées.
CAUCHEMARS
Mais alors qu’il participe au Championnat amateur britannique à Royal Portrush en 2014, sa gorgée de poison le rattrape. Il est soumis à un test antidopage lors duquel il mentionne la prise de bêtabloquants.
Quelques semaines plus tard, il apprend que son test est positif à une substance interdite dans le monde du sport.
Selon le verdict, le Sud-africain, qui a 20 ans à l’époque, est suspendu durant deux ans. Mais il défend son cas en brandissant son dossier médical. Sa médication ne lui permet pas d’améliorer ses performances.
Sa sentence est réduite à neuf mois. Il arrête aussitôt la prise de ses médicaments et tombe chez les pros l’année suivante.
Surtout actif sur le circuit européen, Bezuidenhout savoure sa première victoire au Masters d’andalousie, en Espagne, à la fin de juin 2019.
Ce premier sacre lui donne un billet de l’omnium britannique disputé à… Royal Portrush ! Dans une aventure émotive là où il avait vécu des cauchemars cinq ans plus tôt, il rate les rondes du week-end.
EN QUÊTE D’UNE CARTE
Jusqu’à ce que la pandémie frappe en 2020, il avait ajouté une autre victoire sur le circuit européen, lui permettant de percer le top 50 mondial.
À la reprise du jeu, il décide d’évoluer sur le circuit de la PGA, où il parvient à résister à six couperets à ses neuf départs. Il termine d’ailleurs à trois occasions dans le top 30. Il réserve sa meilleure performance, une 20e place, au Championnat du monde de golf Fedex à Memphis en août dernier.
Grâce à son rendement, il a mérité des invitations à l’omnium américain de septembre et à l’unique édition automnale du Masters en novembre, où il a pris le 38e rang.
Mais il n’obtient pas suffisamment de points pour mériter sa carte du circuit de la PGA en prévision de la saison 2021.
Depuis le début de la présente campagne, Bezuidenhout, 41e au classement mondial, profite de l’exemption réservée aux golfeurs du top 50. Fort d’un top 10 à l’invitation Arnorld Palmer en mars, il est engagé dans une course contre la montre alors qu’il ne lui reste que cinq événements à disputer selon son statut.
Dans le top 5 à l’issue des deux premières rondes de ce Championnat de la PGA d’amérique, une excellente performance lui permettrait d’empocher sa carte permanente.