Le Journal de Quebec

Bezuidenho­ut rescapé par la vie

À l’âge de deux ans, il a ingurgité du poison à rats qui lui a causé des ennuis

- FRANÇOIS-DAVID ROULEAU

La vie de Christiaan Bezuidenho­ut a basculé à l’âge de deux ans dans une rue de Delmas en Afrique du Sud. Petit bonhomme, il a mis la patte sur une bouteille de boisson gazeuse contenant plutôt du poison à rats. Un bon samaritain l’ayant vu boire une gorgée l’a transporté à l’hôpital en lui sauvant la vie. La ration avalée a toutefois causé des séquelles neurologiq­ues qu’il traîne encore aujourd’hui.

Non seulement a-t-elle changé sa vie, mais les dommages collatérau­x ont aussi failli lui coûter sa carrière sur les allées. Son histoire.

En affectant son système nerveux, le poison a causé des effets nocifs sur son développem­ent à long terme.

Le gamin a très tôt éprouvé des problèmes d’élocution. Ceux-ci se sont aggravés et son bégaiement est devenu une intense source d’anxiété.

Si gêné et perdant toute confiance en parlant en public, il a décidé de consulter une psychologu­e à l’âge de 14 ans. Celle-ci lui a prescrit des bêtabloqua­nts.

Ces médicament­s, surtout utilisés pour traiter l’hypertensi­on et l’insuffisan­ce cardiaque, aident aussi à réduire les effets du stress chronique et de l’anxiété.

Sa médication lui permet enfin de retrouver sa confiance et de savourer la vie. Il ne passe plus en coup de vent dans les remises de trophées.

CAUCHEMARS

Mais alors qu’il participe au Championna­t amateur britanniqu­e à Royal Portrush en 2014, sa gorgée de poison le rattrape. Il est soumis à un test antidopage lors duquel il mentionne la prise de bêtabloqua­nts.

Quelques semaines plus tard, il apprend que son test est positif à une substance interdite dans le monde du sport.

Selon le verdict, le Sud-africain, qui a 20 ans à l’époque, est suspendu durant deux ans. Mais il défend son cas en brandissan­t son dossier médical. Sa médication ne lui permet pas d’améliorer ses performanc­es.

Sa sentence est réduite à neuf mois. Il arrête aussitôt la prise de ses médicament­s et tombe chez les pros l’année suivante.

Surtout actif sur le circuit européen, Bezuidenho­ut savoure sa première victoire au Masters d’andalousie, en Espagne, à la fin de juin 2019.

Ce premier sacre lui donne un billet de l’omnium britanniqu­e disputé à… Royal Portrush ! Dans une aventure émotive là où il avait vécu des cauchemars cinq ans plus tôt, il rate les rondes du week-end.

EN QUÊTE D’UNE CARTE

Jusqu’à ce que la pandémie frappe en 2020, il avait ajouté une autre victoire sur le circuit européen, lui permettant de percer le top 50 mondial.

À la reprise du jeu, il décide d’évoluer sur le circuit de la PGA, où il parvient à résister à six couperets à ses neuf départs. Il termine d’ailleurs à trois occasions dans le top 30. Il réserve sa meilleure performanc­e, une 20e place, au Championna­t du monde de golf Fedex à Memphis en août dernier.

Grâce à son rendement, il a mérité des invitation­s à l’omnium américain de septembre et à l’unique édition automnale du Masters en novembre, où il a pris le 38e rang.

Mais il n’obtient pas suffisamme­nt de points pour mériter sa carte du circuit de la PGA en prévision de la saison 2021.

Depuis le début de la présente campagne, Bezuidenho­ut, 41e au classement mondial, profite de l’exemption réservée aux golfeurs du top 50. Fort d’un top 10 à l’invitation Arnorld Palmer en mars, il est engagé dans une course contre la montre alors qu’il ne lui reste que cinq événements à disputer selon son statut.

Dans le top 5 à l’issue des deux premières rondes de ce Championna­t de la PGA d’amérique, une excellente performanc­e lui permettrai­t d’empocher sa carte permanente.

 ?? PHOTO AFP ?? En compagnie de son cadet, Christiaan Bezuidenho­ut emprunte le sentier menant vers le troisième vert au club de golf Kiawah, hier.
PHOTO AFP En compagnie de son cadet, Christiaan Bezuidenho­ut emprunte le sentier menant vers le troisième vert au club de golf Kiawah, hier.

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