Pandémie, grosses dettes et petit salaire, une combinaison mortelle
Stéphanie est représentante en assurances. Employée par un courtier, elle choisit de voler de ses propres ailes et de se lancer comme indépendante. Mais rien ne va tourner comme prévu.
À 29 ans, Stéphanie a l’ambition de devenir sa propre patronne. Jusqu’en 2019, elle travaille comme salariée pour un courtier en assurances, puis décide de se lancer à son compte.
Mais ses activités ont à peine le temps de devenir rentables que la pandémie frappe. La fermeture prolongée, la baisse de contrats en sous-traitance et le manque de nouveaux clients ont vite raison de ses économies.
EN MODE PANIQUE
Pour maintenir son entreprise à flot, elle utilise ses cartes et sa marge de crédit. Rapidement, elle se retrouve avec des dettes de 24 000 $, auxquelles s’ajoutent des soldes d’impôt impayés de 2000 $. En tant qu’administratrice d’une compagnie enregistrée, elle est personnellement responsable de ces montants. Incapable de relancer ses affaires, elle se résout à retourner travailler pour son ancien employeur. Désormais, elle reçoit un salaire, ce qui lui permet de souffler un peu.
Malheureusement, ses revenus mensuels de 2100 $ ne suffisent pas pour rembourser ses créanciers. Chaque mois, elle se bat pour réussir à dégager 480 $ qui constituent les paiements minimums sur sa marge et ses cartes de crédit. Elle est aussi la mère monoparentale d’un jeune enfant. À bout de ressources et voyant bien qu’elle ne réussira pas à rembourser tout ce qu’elle doit, elle va donc consulter une firme de syndic autorisé en insolvabilité.
Lorsqu’elle a rencontré Nadia Levitcharsky, conseillère en redressement financier chez Raymond Chabot, Stéphanie lui a expliqué qu’elle se trouvait dans une impasse sur le plan financier.
« Elle cherchait des solutions pour pouvoir recommencer à mener une existence normale, sans craindre constamment de ne pas être en mesure de rembourser ses dettes. Elle voulait aussi pouvoir assurer à son enfant une bonne qualité de vie, et mettre de l’argent de côté pour ses études », indique la conseillère.
Lors de la rencontre préliminaire, Nadia Levitcharsky a constitué une liste des actifs et du passif de sa cliente. « Elle ne possédait qu’un VUS usagé d’une valeur marchande de 6110 $. Elle n’avait aucune économie ni aucun argent de côté », mentionne-t-elle.
L’avenue de la consolidation de dettes a été explorée, mais compte tenu de son ratio d’endettement, il était illusoire de penser pouvoir obtenir un prêt de consolidation auprès d’une institution financière. De plus, le montant à débourser chaque mois aurait sans doute été trop élevé pour les moyens financiers de Stéphanie.
UNE PROPOSITION QUI LIBÈRE
La question de la faillite a aussi été évoquée. Elle aurait permis à la jeune femme de se débarrasser de toutes ses dettes, cartes et marge de crédit, ainsi que de ses soldes d’impôt encore dus. Les dettes fiscales, à moins qu’elles ne résultent d’une fraude, sont traitées au même titre que les dettes non garanties, comme un solde de carte de crédit par exemple. Il est donc possible de s’en libérer par une faillite ou une proposition de consommateur.
« Toutefois, compte tenu du fait que Stéphanie a besoin d’un permis délivré par l’autorité des marchés financiers pour exercer ses activités professionnelles, cette option n’était pas envisageable. En effet, une faillite aurait entraîné la perte de son permis, et par le fait même, de son emploi », fait valoir Nadia Levitcharsky.
La dernière possibilité est donc la proposition de consommateur. Dans le cadre de cette procédure, le syndic offre aux créanciers le remboursement d’une portion de la dette et non de la totalité.
« La proposition a été acceptée par la majorité des créanciers. Stéphanie devra effectuer des paiements pendant 60 mois, puis sera libérée de toutes ses dettes », indique la conseillère en redressement financier.
Son dossier de crédit sera néanmoins affecté et présentera la cote R-9, la pire, pendant toute la durée de la proposition. Pendant trois ans par la suite, elle passera à R-7, avant que son pointage puisse commencer à s’améliorer. En revanche, la proposition permettra à la jeune femme de retrouver enfin l’équilibre financier.