DES MILLIERS DE MILITAIRES ONT ÉTÉ PAYÉS À NE RIEN FAIRE
L’armée canadienne n’a utilisé qu’un tiers d’entre eux pour la COVID-19
Les deux tiers des 10 000 réservistes mobilisés au coût de plus de 200 millions $ par l’armée canadienne pour affronter la COVID-19 sont restés dans le confort de leur foyer à attendre des ordres de déploiement.
Selon des informations obtenues par notre Bureau d’enquête, seulement 3500 d’entre eux ont été utilisés pour des opérations liées à la pandémie, souvent de courte durée, par exemple lors de l’intervention dans les établissements de soins de longue durée au Québec et en Ontario.
Les Forces armées ont déboursé pas moins de 207 millions $ pour les salaires à temps plein de 9711 réservistes mis en disponibilité d’avril à août 2020.
« Comme des employés travaillant de la maison dans d’autres secteurs de l’économie, les membres des Forces canadiennes employés comme réservistes qui n’ont pas été activement déployés [se sont préparés à l’être] », nous ont indiqué les Forces armées dans un courriel.
« Plusieurs mécanismes ont été mis en place pour s’assurer que les membres faisaient le travail [de préparation] attendu d’eux », a-t-on ajouté.
Ceux-ci ont ainsi participé à des cours obligatoires de formation et ont été sujets à des appels de contrôle quotidiens.
PAS LES SEULS
Dès le début de la pandémie, l’état-major des Forces a décidé de réduire considérablement les activités sur les bases militaires et de renvoyer la plupart des soldats chez eux.
« Votre lieu de service est donc à la maison, en sécurité et prêts à intervenir », écrivait l’ancien chef d’état-major Jonathan Vance, le 3 avril 2020, dans une note destinée à l’ensemble des membres des Forces.
Dans la même note, Vance annonçait l’emploi à temps plein des réservistes jusqu’à la fin du mois d’août.
INCERTITUDE
Appelé à réagir, le lieutenant-colonel à la retraite Rémy Landry a défendu l’idée de recourir aux réservistes.
À son avis, la décision était « prudente et justifiée » à cause de l’incertitude et des circonstances exceptionnelles qui avaient été créées par la pandémie.
Il rappelle que la mobilisation des réservistes était également nécessaire pour faire face à de possibles inondations ou des incendies de forêt, situations pour lesquelles les Forces armées ont été appelées à intervenir au cours des dernières années.
Garder les réservistes à domicile était la bonne chose à faire, croit-il.
Les avoir regroupés sur les bases aurait accru les risques de COVID-19 parmi les troupes.