Traverser le pays à vélo pour se libérer de son entreprise
Un entrepreneur veut réapprendre à vivre avec ce périple d’environ 7000 km
Un homme d’affaires qui avait l’impression d’être prisonnier de son entreprise se sent libre comme jamais depuis qu’il a entrepris de traverser le Canada à vélo.
Yan Traversy, 46 ans, a commencé sa traversée du pays au début de juin à TerreNeuve et pédalera jusqu’à Victoria, en Colombie-britannique.
Pour ce passionné de plein air, ce périple d’environ 7000 kilomètres ne constitue pas un défi physique ; il réapprend plutôt à vivre, un coup de pédale à la fois.
« Le voyage m’amène à vivre dans le moment présent, à profiter de la vie, à vivre au rythme de la nature et à me laisser surprendre en sortant de ma zone de confort », partage le Drummondvillois, rencontré au cours des derniers jours alors qu’il faisait un arrêt dans sa ville.
Comme sa ligne de conduite est l’ouverture d’esprit, il prévoit son itinéraire au jour le jour et se fait accueillir par des étrangers grâce à une application.
Celui qui a longtemps communiqué difficilement avec les gens à cause de son bégaiement est heureux de voir qu’il suscite la curiosité de tous grâce aux sacoches qu’il transporte sur son vélo. En cours de route, on lui a offert du phoque et un buffet de fruits de mer improvisé, confie-t-il.
« Je suis bien partout où je suis », constate cet homme rayonnant.
PRISONNIER
Copropriétaire d’une PME de Drummondville, Structure BRL, M. Traversy était tellement investi dans son travail qu’il se sentait coupable de prendre des jours de congé. Or, un perfectionnement qu’il a suivi à l’école d’entrepreneurship de Beauce a eu l’effet d’une thérapie. Les ateliers concrets, qui lui ont permis de penser différemment, de tester sa confiance, d’expérimenter le travail d’équipe et de partager ses vulnérabilités, l’ont aussi aidé à mettre des mots sur son état.
« Je me sentais prisonnier de mon entreprise. Quand tu réalises ça, il faut que tu changes quelque chose », confie ce dirigeant.
Pour vivre son voyage à vélo, M. Traversy a formé un professionnel pour le remplacer.
À la mi-juillet, il a fait une halte à son école, en Beauce, pour assister à la remise des diplômes.
« Quand je suis arrivé en vélo, tout le personnel m’attendait. Les gens m’applaudissaient. Ça fait chaud au coeur ! » exprime-t-il.
CENT KILOMÈTRES PAR JOUR
Ce père de deux enfants entrevoit la suite du parcours avec le même enthousiasme. Il roule en moyenne 100 km par jour et s’adapte aux restrictions imposées par la pandémie, selon les provinces.
Certains arrêts sont prévus, comme la visite de son frère en Alberta et celle d’un collègue de patinage de vitesse, en Colombie-britannique.
Chose certaine, la vie de cet investisseur changera, d’autant qu’il sait qu’il pourrait prendre sa retraite à son retour, prévu en septembre.