Le Journal de Quebec

Les consultati­ons pour l’obésité infantile explosent

La pandémie a accentué l’isolement et causé une augmentati­on du temps d’écran

- LAURENT LAVOIE

Le nombre de jeunes Québécois ayant un problème de poids a explosé depuis le début de la pandémie, dénonce un organisme de santé qui a reçu huit fois plus de jeunes en consultati­on.

« On travaille d’arrache-pied, bénévoles, les soirs, les fins de semaine », assure la pédiatre Julie St-pierre, de la Maison de santé prévention (MSP).

L’organisme, qui regroupe divers profession­nels de la santé, offre plusieurs services, comme des suivis pour la nutrition ou encore le diabète.

Les consultati­ons concernant l’obésité infantile pour les jeunes ayant généraleme­nt entre 2 et 18 ans ont bondi dans la dernière année. Au mois de janvier 2021, la MSP a compté 70 nouvelles demandes, par rapport à 8 en moyenne dans les dernières années.

Cette tendance se fait sentir dans d’autres établissem­ents. Au Centre d’excellence sur l’obésité sévère chez les adolescent­s de l’hôpital de Montréal pour enfants, les demandes de consultati­on ont plus que doublé entre 2018 et 2021.

PERTE DE CONTRÔLE

La pandémie « a amené beaucoup de difficulté­s : perte de routine, difficulté­s des parents à jongler entre télétravai­l, gestion des enfants, école à distance », explique Maude Sirois, infirmière clinicienn­e à la MSP.

Le nouveau train de vie de plusieurs familles a limité l’activité physique et augmenté l’isolement social. Chez certains patients, Mme Sirois a observé notamment une « perte complète de routine, perte de contrôle parental ».

Avec le confinemen­t, « beaucoup, beaucoup de dépendance aux écrans s’est développée, mentionne-t-elle. Les gens ne savent plus comment retourner à un encadremen­t avec des limites claires ».

La recrudesce­nce de l’obésité chez les enfants rappelle que les profession­nels de la santé, toutes discipline­s confondues, se doivent d’être mieux formés en matière de nutrition, croit la Dre St-pierre.

« Il faut éduquer la population que [l’obésité] est une maladie respectabl­e, comme toutes les autres », dit-elle.

« Quand tu regardes les études, un médecin sur deux se dit “pas qualifié” pour conseiller ses patients en nutrition. Ils ne remplacent pas les nutritionn­istes, mais c’est juste pour initier l’intérêt du patient », affirme la professeur­e à l’université Mcgill.

D’ailleurs, pour une première fois au Québec, selon Julie St-pierre, cette notion sera intégrée sous forme de cours au programme de formation des médecins à l’université Mcgill, en abordant notamment l’activité physique, le sommeil et le temps d’écran.

Dès septembre, des étudiants apprendron­t à conseiller des patients au rythme d’une journée par semaine à la Maison de santé prévention.

Le Collège des médecins précise qu’« en ce qui concerne la résidence en médecine de famille, le trouble alimentair­e fait partie des sujets prioritair­es établis par le Collège des médecins de famille du Canada et qui doivent être couverts lors de la résidence », soutient-on.

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PHOTO PIERRE-PAUL POULIN La Dre Julie St-pierre, à gauche, et l’infirmière clinicienn­e Maude Sirois s’inquiètent des ravages causés par la pandémie chez les enfants.

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