Le Journal de Quebec

Des petits gestes qui ont fait une différence

- PIERRE-PAUL BIRON

Vingt-cinq ans plus tard, le colonel Richard Bastien se souvient bien plus des humains que des chiffres liés à l’interventi­on historique qu’il a coordonnée. Commandant en chef de la base militaire de Bagotville à l’époque, il estime que ce sont les petits gestes qui ont été les plus importants.

« Trop souvent, on décrit les événements comme celui-là par la quantité, mais la qualité n’y apparaît pas tellement. C’est dans les petits gestes que la qualité d’une interventi­on apparaît », soutient le colonel à la retraite, racontant qu’il a lui-même hébergé des évacués dans sa résidence personnell­e.

« J’ai logé du monde pendant deux nuits au début quand tout n’était pas encore organisé avec les tentes. Même chose dans d’autres maisons de militaires », se souvient M. Bastien.

MARQUÉ PAR LES DRAMES

Le militaire, qui a été décoré de la médaille du service méritoire à la suite de son commandeme­nt de l’opération SAGUENAY, a été marqué par ces gens qu’il a côtoyés alors que le drame bouleversa­it leur vie.

Une dame en particulie­r, venue faire des courses à La Baie, s’était retrouvée isolée des siens après que les ponts menant à son village eurent été emportés par le torrent.

« Elle m’a dit : “Ma famille ne sait même pas que je suis encore vivante” », se rappelle le colonel.

« On commençait à déployer des gens avec des téléphones satellites. On s’est arrangé pour envoyer une équipe à sa résidence pour qu’elle puisse parler à sa famille, les rassurer. Quand je l’ai revue plus tard, elle voulait me sauter dans les bras tellement ça lui avait fait du bien », confie M. Bastien.

Ce dernier soutient que, malgré tout le malheur du déluge, ces gestes auront permis de solidifier les liens entre la communauté du Saguenay et les militaires de la base.

Surtout que les événements de l’été 1996 sont survenus quelques mois à peine après l’échec du deuxième référendum, dans une région qui était « bleue » jusqu’au bout des ongles.

« Il y avait un peu d’animosité entre cet organisme fédéral qu’est l’armée canadienne et des gens qui étaient plus séparatist­es. [...] C’est là qu’il y a eu un effort de démontrer qu’on était là pour servir cette population », souligne le colonel Bastien.

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RICHARD BASTIEN Colonel à la retraite

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