Le Journal de Quebec

Interventi­on marquante pour les bénévoles

- PIERRE-PAUL BIRON

Si l’interventi­on du déluge du Saguenay était la plus importante jamais menée par la Croix-rouge, pour ses bénévoles, les semaines suivant le coup d’eau ont été marquantes au point de changer de parcours, comme pour Louise-julie Brassard.

En juillet 1996, la jeune femme originaire du Saguenay avait 20 ans.

Bénévole à la Croix-rouge depuis quelque temps, elle était à l’emploi de l’organisme pour l’été. Elle a vécu le déluge en première ligne.

« Quand ça a commencé, on est allés chercher des couverture­s qui étaient au bureau, dans le quartier du Bassin qui avait été évacué déjà. On voyait le barrage qui débordait, les maisons qui partaient avec l’eau, devant nous », raconte Louise-julie Brassard.

« Je me suis demandé ce que je ferais si le barrage lâchait. Tu as l’impression que c’est la fin du monde », se souvient-elle.

Déployée à la base militaire de Bagotville, Mme Brassard a passé les jours suivants à accueillir les sinistrés à l’atterrissa­ge des hélicoptèr­es. Elle était le premier visage que voyaient les gens qui étaient accueillis sur la base, où elle tâchait de les rassurer et de leur faire comprendre qu’ils n’étaient pas seuls. Sa seule arme ? Son sourire. Un sourire sincère.

« Deux ans après, je marchais à Arvida et un monsieur m’a arrêtée et m’a dit : “C’est vous qui étiez aux hélicoptèr­es ?” Il m’a dit qu’il se rappelait mon sourire et que c’était la plus belle chose qu’il avait vue cette journée-là, raconte-t-elle. C’est le plus beau merci que j’ai reçu. »

CHANGEMENT DE CARRIÈRE

Chiroprati­cienne de formation, Louise-julie Brassard est toujours demeurée impliquée auprès de la Croix-rouge.

Son interventi­on au Saguenay l’a menée à d’autres missions d’importance, comme celles ayant suivi les attentats du 11 septembre à New York, les ouragans en Nouvelle-orléans, les incendies de Fort Mcmurray ou le drame de Lac-mégantic. Son destin « de fille de mesures d’urgence » était tracé.

« Le déluge, c’est la base de mon expérience, c’est le précurseur de plusieurs choses », convient aujourd’hui celle qui est coordonnat­rice des mesures d’urgence au Centre universita­ire de santé Mcgill (CUSM) à Montréal.

L’INVERSE POUR D’AUTRES

À l’inverse, pour Pierre Cloutier, le déluge du Saguenay aura été le déclencheu­r de sa sortie de la Croix-rouge.

L’interventi­on aura été si intense qu’il a fini par quitter la région un an et demi après le drame.

« Quand j’entends le grondement de l’eau, une chute par exemple, ça vient me chercher en dedans, encore aujourd’hui. »

Responsabl­e des activités financière­s à l’époque, M. Cloutier a géré avec son équipe le versement des fonds d’urgence aux sinistrés pendant plus d’un an après la catastroph­e.

« On a mis sur pied un système de bons de commande avec les fournisseu­rs qui a été repris au verglas de 98 et qui a fait école », explique celui qui est maintenant à la tête d’un cabinet comptable dans la région de Montréal.

 ?? PHOTO AGENCE QMI, JOËL LEMAY ?? Pour Louise-julie Brassard, le déluge du Saguenay a été le point de départ de son parcours avec la Croix-rouge. Chiroprati­cienne de formation, elle a finalement décidé de faire des mesures d’urgence sa vie profession­nelle.
PHOTO AGENCE QMI, JOËL LEMAY Pour Louise-julie Brassard, le déluge du Saguenay a été le point de départ de son parcours avec la Croix-rouge. Chiroprati­cienne de formation, elle a finalement décidé de faire des mesures d’urgence sa vie profession­nelle.

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