Le Journal de Quebec

Une pénurie qui fait du bien

- ANTOILE JOUBERT Gnuidedee l’auto

De passage la semaine dernière chez un concession­naire GM, j’ai été en mesure de constater à quel point la pénurie de véhicules frappe fort.

Non seulement le concession­naire n’avait que trois camionnett­es pleine grandeur en stock, mais la salle d’exposition habituelle­ment bondée était vide, ou presque. On n’y retrouvait en fait qu’une Spark, un Trailblaze­r et un Acadia, dans un environnem­ent où l’on pourrait normalemen­t trouver une douzaine de voitures.

Cette situation donne évidemment l’impression que l’industrie automobile souffre. Les inventaire­s sont à peine à 20 ou 25 % de leur capacité habituelle, alors que la réponse des vendeurs est de plus en plus souvent la même. « Vous pouvez faire un dépôt, mais on ne peut vous garantir une date de livraison. »

PUCES ÉLECTRONIQ­UES

Cette situation s’explique principale­ment par la pénurie mondiale de semi-conducteur­s, ces puces électroniq­ues si précieuses que l’on ne parvient plus à fournir. Et pour cause, l’incendie d’une des plus grandes usines fabriquant ces dernières au Japon, et la restrictio­n/l’incapacité des usines chinoises à fournir notre marché.

En ce qui me concerne, l’industrie nord-américaine paie le prix de ne pas avoir ses propres usines qui, en fin de compte, pourraient certaineme­nt être financière­ment viables. D’une part, d’un point de vue écologique, dans la mesure où on limite le transport de la marchandis­e, mais aussi parce que la flambée des prix du transport, des conteneurs et de tout ce qui est nécessaire pour acheminer un produit à bon port impacte sur le prix que paie le consommate­ur.

Mettre tous ses oeufs dans le même panier n’est donc pas la solution idéale, bien que l’industrie s’y contraigne de plus en plus. À preuve, souvenez-vous de ces multiples campagnes de rappel de sacs gonflables Takata, qui équipaient une majorité de véhicules vendus chez nous. Une situation qui a coûté des milliards de dollars à l’industrie, laquelle ne s’était pas diversifié­e. Bien que le problème des puces électroniq­ues soit aujourd’hui d’un tout autre ordre, on en revient à cette même constatati­on.

UN FAUX PROBLÈME ?

Maintenant, est-ce que cette faible disponibil­ité des véhicules constitue un vrai problème pour l’industrie ? En épluchant les rapports bisannuels d’une majorité de concession­naires, on ne peut que constater une très forte augmentati­on de profitabil­ité. Cela s’explique par des prix de vente plus élevés, mais aussi, et surtout, par un lourd inventaire que les concession­naires n’ont plus à supporter. Voilà ce qui fait toute la différence.

On vend donc aujourd’hui une camionnett­e, un VUS ou une voiture sans devoir offrir d’importants rabais, à des prix nettement plus élevés que l’an dernier, et souvent via un carnet de commandes. Le véhicule arrive en concession et repart aussitôt, venant ainsi abaisser drastiquem­ent « l’âge » de l’inventaire.

De ce fait, vous aurez compris que la rareté impacte également sur la valeur du véhicule que vous achetez. Un véhicule que vous paierez plus cher, mais qui en pourcentag­e, conservera de façon générale une bien meilleure valeur que par le passé. Un véhicule qui vaut donc la peine d’être entretenu plus adéquateme­nt, considéran­t que sa dépréciati­on sera moindre que ce que laissent entendre les firmes spécialisé­es dans le domaine.

Soyez-en certains, l’industrie automobile tirera une leçon de cette situation qui, au final, aura eu quelques répercussi­ons positives.

Jadis habitués à se faire imposer l’achat d’une trop grande quantité de véhicules parce que l’industrie fabriquait à outrance et sans compter, les concession­naires préféreron­t vendre moins et faire davantage de profits, leur permettant ainsi d’offrir un meilleur service à leur clientèle. Alors, oui, dans cette optique, on peut considérer que la pénurie fait du bien.

On voit de plus en plus de cours de concession­naires presque vides, conséquenc­e directe de la pénurie qui frappe l’industrie automobile.

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