Le Journal de Quebec

Humilié par un mauvais canular

Frustré de n’avoir pu déjouer un jeune homme, un arnaqueur fait intervenir l’escouade tactique de la police

- JÉRÉMY BERNIER

Un jeune homme de Québec, victime d’un canular, a eu l’humiliatio­n de sa vie lorsqu’il a été arrêté par tout un contingent policier devant les yeux ébahis des voisins, samedi.

« Il y avait quatre ou six policiers, pistolets et fusils d’assaut pointés sur moi, qui me criaient de me coucher. Une dizaine d’autres attendaien­t dehors. Je ne comprenais rien », raconte Nicolas Pelletier, un jeune homme de 23 ans sans histoire qui réside sur la rue du Griffon, dans Lebourgneu­f.

L’histoire a commencé vers 10 h 30, quand un inconnu l’a contacté pour lui dire qu’il avait été fraudé et qu’il devait télécharge­r une applicatio­n.

Flairant l’arnaque, M. Pelletier a refusé, ne prenant pas au sérieux le fraudeur, qui menaçait d’appeler « le SWAT ».

« Ça ne faisait aucun sens ! » plaide le jeune homme, qui est retourné se coucher après avoir raccroché.

Une heure plus tard, un policier l’a appelé pour lui demander de sortir de son appartemen­t sans faire de mouvement brusque. C’est à ce moment qu’il a eu droit à un comité d’accueil armé jusqu’aux dents.

« ENNEMI PUBLIC NUMÉRO UN »

Ce n’est qu’après avoir fait une « marche de la honte » de quelques centaines de mètres jusqu’à une autopatrou­ille, menotté et escorté devant des voisins ahuris, qu’on lui a expliqué la situation.

L’inconnu, se faisant passer pour lui, disait avoir tué sa conjointe et menaçait d’assassiner ses enfants. Ni une ni deux, les agents de la paix se sont d’abord rendus à son ancienne adresse, au Lac-saint-Charles, avant de le retrouver, soutient M. Pelletier.

Même sa mère, complèteme­nt paniquée, a été contactée par les autorités.

« J’ai été totalement humilié. On me regardait comme si j’étais l’ennemi public numéro un. Il y a eu un gros manque de recherches, je n’ai même pas de conjointe et encore moins d’enfants ! » peste le futur étudiant en génie mécanique.

MUTISME DE LA POLICE

La police de Québec, avare de commentair­es, a simplement confirmé qu’une enquête était en cours dans cette affaire puisque le jeune homme a été victime de swatting.

« Il s’agit d’usurper l’identité de quelqu’un pour faire de faux signalemen­ts nécessitan­t une interventi­on urgente d’une équipe tactique [une SWAT team, en anglais] », explique de son côté Benoit Bilodeau, porte-parole du Service de police de Terrebonne.

DE PLUS EN PLUS FRÉQUENT

Pratiqueme­nt au moment même où Nicolas Pelletier se faisait arrêter à Québec, une situation quasi identique survenait à Terrebonne. Un individu se faisant passer pour un autre menaçait de se faire exploser après avoir assassiné sa famille. Évidemment, le tout était faux.

« Il semble y avoir une tendance à la hausse de ce type d’arnaque dernièreme­nt, on n’a qu’à penser aux bureaux d’ubisoft l’an dernier », souligne M. Bilodeau.

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PHOTOS JÉRÉMY BERNIER ET COURTOISIE Nicolas Pelletier a été menotté et escorté « comme un criminel » devant ses voisins. En mortaise, des policiers croyaient avoir affaire à un meurtrier armé.

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