Le Journal de Quebec

Des travailleu­rs, SVP

- VÉRONYQUE TREMBLAY Ex-ministre déléguée aux Transports Des clientes profitaien­t de la terrasse du London Jack de Québec le 7 juin dernier.

La pénurie de main-d’oeuvre n’a jamais été aussi criante. Les entreprise­s peinent à trouver des travailleu­rs. Elles ont beau augmenter les salaires, offrir des bonis d’embauche et beaucoup de souplesse dans les conditions de travail, elles se retrouvent le bec à l’eau. Québec et Ottawa doivent changer leur approche. Ça urge.

En pleines vacances de la constructi­on, où les touristes abondent, des restaurate­urs, aubergiste­s, hôteliers se voient obligés de fermer temporaire­ment leurs portes ou de diminuer leurs activités, faute de personnel. Pourtant, ces propriétai­res avaient tellement hâte que les affaires reprennent après les fermetures forcées liées aux trois vagues de la pandémie.

Ce n’est pas tout : bien des usines fonctionne­nt au ralenti et doivent refuser des contrats en raison de cette fameuse pénurie. Dans les secteurs frappés de plein fouet par le manque de personnel, l’époque des employeurs qui pouvaient se permettre de congédier rapidement un employé problémati­que est révolue. Les travailleu­rs ont le gros bout du bâton, ils dictent les règles du jeu ou s’en vont ailleurs. Évidemment, ça crée de la surenchère.

Avec un taux de chômage de 6,3 % au Québec en juin, le plus bas au pays, nous ne sommes pas très loin du plein emploi. Selon l’organisati­on internatio­nale du travail (OIT), le marché du travail est en situation de plein emploi quand le taux de chômage est inférieur à 5 %. Les jeunes de 14 et 15 ans n’ont jamais eu autant de facilité à décrocher un job.

S’ils sont le moindremen­t matures et responsabl­es, on leur court après.

DES IMMIGRANTS PRÉCIEUX

Il est clair que les freins à l’immigratio­n nuisent à notre économie. Pour des raisons politiques d’abord, mais aussi en raison de la pandémie, nous avons pris du retard et nous nous sommes privés d’une précieuse main-d’oeuvre. Le gouverneme­nt de la CAQ doit s’ouvrir davantage à l’immigratio­n, accélérer le processus et cesser de croire que les immigrants doivent gagner au moins cinquante mille dollars par année pour que ce soit avantageux. C’est ridicule.

Il y a plein d’exemples de nouveaux arrivants qui sont arrivés ici en gagnant un revenu modeste et qui ont rapidement monté les échelons ou décroché un emploi beaucoup mieux rémunéré.

Le Québec est l’une des sociétés les plus vieillissa­ntes au monde : nous avons besoin d’augmenter notre population en âge de travailler, avec des emplois dans toutes les classes sociales de la société en offrant des voies plus rapides pour les secteurs les plus éprouvés par la pénurie.

LE FÉDÉRAL SERRE LA VIS

Par ailleurs, pour les nouveaux demandeurs de la Prestation canadienne de la relance économique, le montant brut passe maintenant de 500 à 300 dollars par semaine. Un emploi au salaire minimum redevient donc plus attrayant et payant. Si certains employeurs estimaient que les programmes d’aide gouverneme­ntaux nuisaient à leur recrutemen­t, ça devrait leur donner un coup de pouce, du moins, on l’espère !

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