Des footballeurs ciblés à cause de leur poids
Les jeunes « trop lourds » doivent porter un X sur leur casque
Des parents de jeunes footballeurs dénoncent une règle « discriminatoire » basée sur le poids qui force leurs garçons à être identifiés d’un « X » sur le terrain.
« On dénonce l’obésité, et après, on limite les enfants qui veulent faire du sport ? » s’insurge Alexandra Veilleux, présidente de l’association de football des Stallions de Saint-lazare, en Montérégie.
Selon un règlement de la fédération Football Québec, un garçon de moins de 14 ans qui dépasse le poids maximum de sa catégorie d’âge doit automatiquement porter un « X » sur son casque et jouer en ligne offensive.
C’est donc dire qu’il ne peut plus plaquer de joueurs, ni courir avec le ballon, ni même le botter. Ils ne peuvent donc que bloquer.
« Mon fils a perdu énormément de motivation depuis qu’il est limité à cette position », témoigne Anne-marie Gosselin, dont le fils de 12 ans, 170 livres, évolue chez les Packers de Greenfield Park.
Qui plus est, plusieurs parents déplorent que le fameux « X » anéantisse l’estime de soi déjà fragile des joueurs concernés.
« À 8 ans, un de mes gars se pesait matin et soir et nous demandait de lui préparer des recettes santé parce qu’il craignait de ne plus pouvoir jouer s’il dépassait la limite », témoigne Richard Bagordo, 42 ans.
CHANGER DE CATÉGORIE
Football Québec rappelle toutefois que les footballeurs en herbe ont aussi l’option de changer de catégorie d’âge pour respecter les limites de poids et jouer à n’importe quelle position.
Cette solution ne convainc toutefois pas Linda Pagani, professeure titulaire en psychoéducation à l’université de Montréal.
« Un enfant de 11 ans, même s’il est grand ou gros, demeure un enfant de 11 ans entre les deux oreilles », rappelle la chercheuse.
En compagnie des plus vieux, il pourrait être exposé à un langage ou à des attitudes devant lesquels il n’est pas encore assez mature, prévient-elle.
PESER OU NE PAS PESER ?
Pendant la pandémie, l’une des ligues de la Fédération a arrêté de peser les joueurs, provoquant de vives discussions dans le milieu du football récréatif.
Un débat sur le règlement controversé devait d’ailleurs avoir lieu en mai dernier, mais la réunion des membres de Football Québec a coupé court avant qu’une décision ne soit votée.
En attendant une prise de position officielle, « les règles sont dans le livre vert, et notre rôle, à la Fédération, c’est de s’assurer qu’elles sont respectées », affirme Mathieu Joyal, directeur général de l’organisation.
Et puis, « être sur la ligne offensive, ce n’est pas une position ingrate. C’est d’ailleurs là que joue Laurent Duvernay-tardif », fait remarquer M. Joyal.