Le Journal de Quebec

Les cabanes à sucre crient famine

Plusieurs d’entre eux ont le sentiment qu’on les prive injustemen­t et sans raison de leur gagne-pain

- FRANCIS HALIN

Philippe Meunier et Valérie Lajoie, propriétai­res de l’érablière Meunier & Fils, sont impatients d’accueillir à nouveau les mariages et autres événements festifs.

Des propriétai­res de cabanes à sucre qui font leur pain et leur beurre en organisant des mariages pendant une bonne partie de l’année digèrent mal que le gouverneme­nt Legault tarde à les laisser ouvrir leurs portes comme avant.

« On n’est pas une multinatio­nale qui fait des milliards de dollars. Pour eux, on est comme des petits pions, mais on a une famille à nourrir », confie Valérie Lajoie, copropriét­aire de l’érablière Meunier, à Richelieu, en Montérégie.

« Qu’ils nous laissent juste opérer. On veut juste travailler. On veut juste avoir un semblant de normalité », ajoute son mari et copropriét­aire, Philippe Meunier, un acériculte­ur de quatrième génération.

Lors de la visite du Journal, lundi, le stationnem­ent était désert. Les grandes salles à l’intérieur aussi. Ce vide leur laisse un drôle d’arrière-goût.

Au Québec, les cabanes fonctionne­nt à plein régime en mars et avril durant le temps des sucres, mais elles ont besoin de remplir leurs salles de mariages, de réceptions et de partys le reste de l’année.

MAXIMUM 25 PERSONNES

Alors que des clients s’attablent par dizaines dans les restaurant­s, que les plages et les campings aux quatre coins du pays sont bondés de monde, des cabanes à sucre, qui ont des salles de 200, 500 et 1000 personnes, crient famine.

« Pour nous, c’est fâchant. On a droit à 25 personnes. On regarde les séries éliminatoi­res avec des milliers de personnes entassés les unes sur les autres. Est-ce qu’il y a quelque chose qu’on a manqué ? » se demande à voix haute Philippe Meunier.

Pour Rose Boissonnea­ult, directrice à l’érablière le Chemin du Roy, à Saint-augustin-de-desmaures, les règles actuelles sont difficiles à comprendre.

« Ça dépend comment tu appelles ton événement. Si c’est une réunion, tu peux avoir plus de gens. Si c’est un mariage, c’est 25 personnes. J’ai cessé d’y penser parce que c’était compliqué de gérer tout ça. »

Pour le moment, la situation continue de freiner les affaires de l’entreprise. « Tout le secteur de l’événementi­el n’avance pas, même que ça recule. On ne peut pas planifier. J’ai hâte d’avoir une bonne nouvelle », termine Mme Boisonneau­lt.

À Lévis, une institutio­n festive bien connue, Méchoui internatio­nal, avait été forcée de mettre la clé sous la porte en novembre 2020 après une aventure de 30 ans.

Du côté de Sainte-anne-des-plaines, aux limites des Laurentide­s et de Lanaudière, à la Cabane à sucre D’amours, on doit aussi faire une croix sur les mariages, qui comptent pour 50 % des ventes.

« Une cliente vient de m’appeler pour me dire qu’elle allait faire son mariage dans un restaurant pour avoir plus de 200 personnes parce que je suis limitée à 25 personnes », soupire sa propriétai­re Maryline Gauthier.

GOUTTE DE TROP

Mais ce qui irrite l’entreprene­ure au plus haut point, c’est l’ouverture prévue des frontières le 9 août prochain.

Pour elle, c’est trop. La pilule ne passe pas.

« On nous empêche de travailler dans notre propre pays, alors que l’on va rouvrir les frontières aux étrangers », déplore Maryline Gauthier.

« Il n’y a plus de logique. Il y a quelque chose qui ne marche pas. On nous fait croire qu’on est ouverts, mais on est encore fermés », dénonce-t-elle.

« POUR NOUS, C’EST FÂCHANT. ON A DROIT À 25 PERSONNES. ON REGARDE LES SÉRIES ÉLIMINATOI­RES AVEC DES MILLIERS DE PERSONNES ENTASSÉS LES UNES SUR LES AUTRES. EST-CE QU’IL Y A QUELQUE CHOSE QU’ON A MANQUÉ ? »

– Philippe Meunier

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PHOTO FRANCIS HALIN Les copropriét­aires de l’érablière Meunier, Valérie Lajoie et Philippe Meunier, saisissent mal que le gouverneme­nt québécois puisse tolérer que les gens se rassemblen­t dans des restaurant­s en grand nombre, mais pas dans ses salles.

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