Personne pour livrer des aliments aux restaurateurs
Ils doivent cueillir eux-mêmes leurs denrées chez le distributeur
Déjà débordés en raison de la pénurie de personnel, des restaurateurs de Québec ont dû aller chercher euxmêmes leurs denrées dans un entrepôt de la Rive-sud parce que le distributeur n’avait personne pour faire leurs livraisons.
Jeudi, Michelle Doré, 73 ans, propriétaire de plusieurs établissements hôteliers et de la Brasserie Chez Jules, a appris qu’elle ne recevrait pas sa commande à moins d’aller la chercher chez Colabor Distributeur Alimentaire.
Découragée, elle a demandé à son mari, Pierre Amiot, 76 ans, professeur retraité de l’université Laval, d’y aller le lendemain, accompagné d’un employé, Benoit Gauthier.
« Tout le monde déjà était surchargé », explique Mme Doré, ellemême aux prises avec un manque de main-d’oeuvre.
Hier à 9 h, les deux hommes sont arrivés à l’entrepôt de Saint-nicolas en fourgonnette. Quelques minutes plus tard, une employée de Colabor leur apportait plusieurs chariots de nourriture.
Malgré ses douleurs à la hanche, M. Amiot a chargé la fourgonnette avec M. Gauthier. Des sacs de 20 kg de farine et de cassonade ou encore une caisse de 20 litres de vin de cuisson faisaient partie de la commande.
« On est venu chercher des denrées pour le restaurant Brasserie Chez Jules parce que Colabor nous a dit qu’ils n’avaient pas les chauffeurs pour faire la livraison », résume M. Amiot, mentionnant que c’est la première fois qu’une telle situation se produit.
« La cour est pleine de camions », fait-il remarquer. M. Amiot ne blâme pas le distributeur alimentaire toutefois.
SITUATION PRISE AU SÉRIEUX
Élisabeth Tremblay, vice-présidente aux ressources humaines chez Colabor, assure prendre la situation très au sérieux.
« On a mis en place un plan très agressif de recrutement », dit-elle, mentionnant qu’il y a des postes de chauffeurs – moins d’une dizaine – et dans l’entrepôt à combler.
« Ce n’est pas que Colabor », ajoute-t-elle, précisant que l’industrie agroalimentaire manque de main-d’oeuvre.
« Notre but c’est de reprendre le plein service le plus rapidement possible. »
L’entreprise n’a pas voulu spécifier combien de clients sont touchés, ni l’échéancier pour la reprise du service régulier.
ARRÊTER LA PCRE
Les premiers coupables, aux yeux de Mme Doré, sont la Prestation canadienne d’urgence, puis la Prestation canadienne de la relance économique.
« La PCRE, qu’ils arrêtent ça pour que les gens reviennent travailler ! », martèle la restauratrice. « Combien de temps ça va continuer comme ça? C’est pas normal: mon mari a 76 ans, j’en ai 73. On fait quoi ? »
« C’est la première année que c’est épouvantable comme ça. Je n’ai […] jamais vu ça », soupire Mme Doré. « En ce moment on a une crèmerie, probablement qu’on va être obligé de fermer. »