Attachez-vous, la vie ne tient qu’à un fil
Une victime devenue aveugle veut sensibiliser
Un homme qui a perdu la vue après s’être endormi au volant alors qu’il n’était pas attaché déplore la banalisation des conséquences d’un accident de la route.
« Je ne suis pas décédé, mais j’ai eu de très graves blessures, qui ont complètement chamboulé ma vie », insiste Guillaume Laforest.
Tôt le 6 décembre 2006, vers 5 h, alors qu’il se rendait au travail, il s’est assoupi au volant, sur l’autoroute Métropolitaine. Il n’avait que 17 ans. Le choc a été si brutal que son nerf optique s’est sectionné, lui faisant perdre la vue à 100 %.
« Moi quand j’entends aux nouvelles que quelqu’un est gravement blessé après un accident et qu’il s’en est sorti, je ne me réjouis pas. Oui, tant mieux, il a survécu, mais je sais ce qui l’attend. Tant physiquement que mentalement », dit-il.
« COMME UN ENFANT »
Aujourd’hui âgé de 31 ans, Guillaume Laforest ne peut vivre sa vie comme il l’entend et doit plutôt compter sur l’aide de plusieurs personnes pour fonctionner. Celui qui s’apprêtait à signer un bail pour emménager avec sa copine au moment du drame vit maintenant en alternance avec sa mère et son père.
« Une semaine chez maman, une semaine chez papa. Comme un enfant », dit-il en rigolant, lui qui a choisi de prendre la vie « en riant plutôt qu’en pleurant ».
L’homme jouit d’une certaine autonomie, peut effectuer des tâches simples, mais il doit malgré tout être accompagné par un intervenant, des amis ou ses proches.
En effet, en plus de sa cécité, M. Laforest est aussi semi-paralysé du côté droit, et doit aussi conjuguer avec de nombreuses pertes de mémoire dues à un important traumatisme crânien.
GRAVES SÉQUELLES
Pour lui, les quelques secondes perdues à attacher sa ceinture en voiture ne valent pas les graves conséquences d’un accident.
S’il ne s’était pas attaché le matin du drame, c’est parce qu’il était trop « frais chier ».
« À l’époque, je me prenais pour le roi de la terre, c’est sûr que je ne m’attachais jamais », regrette-t-il.
« Attachez-vous ! La vie ne tient qu’à un fil. Oui, on peut y survivre, mais on perd tout. On vit avec des répercussions toute le reste de notre vie, c’est chiant. Et les séquelles, ce n’est pas que nous qui les vivons, ceux autour de nous aussi vivent avec », insiste-t-il.