Le Journal de Quebec

Le grand déclin de la bière en sol québécois

Autour de la piscine ou entre amis, que buvez-vous en vacances cet été ? Faitesvous partie des milliers de consommate­urs qui ont abandonné la bière ?

- Pierre-olivier Zappa pierre-olivier.zappa @tva.ca

Chaque année, le houblon perd de plus en plus de sa popularité, au point où même les grands brasseurs lui tournent graduellem­ent le dos.

Sur les tablettes des supermarch­és, il est difficile de passer à côté de la vedette de l’heure : le hard seltzer. Cette eau pétillante en canette, parfumée, qui affiche habituelle­ment un taux d’alcool entre 4 % et 8 %. La boisson est partout au Québec cet été. White Claw, Coors, Vizzy, Truly, Shape, Oshlag, nommez-les ! En cinq ans, les Québécois ont diminué leurs achats de bière de 9 % selon Bière Canada, une associatio­n qui représente l’industrie. En 2020, les consommate­urs ont bu en moyenne 77,4 litres de bière. Il s’agit de la plus faible consommati­on de bière par Québécois jamais enregistré­e depuis que Statistiqu­e Canada a commencé à recueillir des données sur les ventes d’alcool, en 1950. Les ventes de Molson Coors ont baissé de 11 % au premier trimestre de 2021. En Bourse, l’action du brasseur a perdu presque la moitié de sa valeur au cours des cinq dernières années, tout comme celle d’anheuser-busch, la société mère de Budweiser. Bref, la bière n’est plus à la mode, et même la forte popularité des microbrass­eries n’arrive pas à renverser la tendance au déclin.

CONCURRENC­E

La bière a plusieurs ennemis. Au cours des dernières années, les Québécois ont pris goût aux vins plus raffinés, puis aux spiritueux locaux.

Aujourd’hui, son nouvel adversaire est le hard seltzer. Il y a également les boissons infusées au cannabis offertes à la SQDC. Les prêts à boires, les cidres et les bières sans alcool suscitent aussi un remarquabl­e engouement.

Les adversaire­s de la bière sont nombreux, et ils attirent en ce moment des milliards de dollars de capital-risque. Les investisse­urs croient en leur potentiel, entre autres parce que ces boissons sont moins caloriques et plus conformes aux régimes alimentair­es.

Ce phénomène est mondial. Pour vous donner une idée, la banque d’investisse­ment américaine Goldman Sachs estime que la bière a perdu 9 % de parts de marché durant le chaud mois de juin de cette année. Les eaux pétillante­s alcoolisée­s ont affiché une croissance de 10 % sur la même période.

GROS JOUEURS

Les multinatio­nales de la bière ont bien compris que leur avenir ne passe plus par le houblon. Budweiser a lancé son hard seltzer, le Rita. Au Québec, Les Brasseurs du Nord ont lancé le leur, Shape, en partenaria­t avec Club Local. Molson s’est associée au producteur de cannabis québécois Hexo pour mettre en marché des boissons à base de cannabis. D’ailleurs, la « Molson Coors Brewing Company » a changé de nom en 2019 pour illustrer son virage. Elle s’appelle désormais « Molson Coors entreprise de boissons ».

Les consommate­urs s’affranchis­sent de la tradition, et la bière n’est plus un vecteur de croissance pour les grands brasseurs. Elle demeure néanmoins la boisson la plus populaire, avec 38 % des ventes totales d’alcool au Canada. En taxant la bière, nos paliers de gouverneme­nt empochent 13 milliards $ par année. L’âge de la bière ne tire pas à sa fin, mais son déclin se confirme et s’accélère d’année en année.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES, AGENCE QMI ?? Les ventes de Molson Coors ont diminué de 11 % au premier trimestre de cette année. En Bourse, le titre du brasseur a perdu près de la moitié de sa valeur au cours des cinq dernières années. Ici, les installati­ons montréalai­ses de la multinatio­nale.
PHOTO D’ARCHIVES, AGENCE QMI Les ventes de Molson Coors ont diminué de 11 % au premier trimestre de cette année. En Bourse, le titre du brasseur a perdu près de la moitié de sa valeur au cours des cinq dernières années. Ici, les installati­ons montréalai­ses de la multinatio­nale.
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