« J’espère pour Jean que ça va bien se finir »
Stéphan Larouche, l’ancien entraîneur de Jean Pascal, s’ouvre sur l’épisode de dopage du boxeur québécois
C’était en plein camp d’entraînement à Porto Rico, à quelques jours du combat revanche de Jean Pascal contre Badou Jack. Même si ça fait plus de deux mois, l’entraîneur Stéphan Larouche s’en souvient comme si c’était hier.
« J’étais dans ma chambre, puis Jean m’a demandé de venir en bas pour lui parler. J’ai descendu au rez-de-chaussée et il m’a annoncé cette triste nouvelle, raconte l’entraîneur, en parlant des tests positifs du boxeur. À mesure qu’il me l’annonçait, ça sortait sur Twitter. Je me disais, ben non, ça ne se peut pas, là. »
En mai dernier, les tests effectués par l’association antidopage volontaire (VADA) sur l’athlète de 38 ans ont d’abord révélé la présence de trois stéroïdes anabolisants. Puis, d’autres tests ont ensuite révélé la présence d’érythropoïétine (EPO). Résultat : combat annulé.
« Pour les premiers jours, j’étais convaincu qu’il y avait une erreur, indique Larouche. Je me suis dit qu’on va recevoir un courriel, qu’ils se sont trompés d’individu. Il a toujours tout le temps réussi les tests. »
Le 12 juillet, la WBA a ensuite dépouillé Pascal de son titre régulier des poids mi-lourds en plus de le suspendre pour six mois. La ceinture du champion repose encore dans son étui au club de boxe Montréal. Aujourd’hui, les deux complices ne travaillent plus ensemble. Pascal l’a confirmé via son compte Twitter plus tôt cette semaine.
En plus de 20 ans de coaching, Larouche n’avait jamais vécu ça.
Ses boxeurs ont l’habitude de faire affaire avec la nutritionniste Mélanie Olivier, reconnue depuis 20 ans pour son travail avec des athlètes olympiques, mais aussi avec des boxeurs tels que Lucian Bute et Éric Lucas. Elle a également été la nutritionniste du Canadien pendant plus de sept ans.
Son mandat est simple. Elle recommande et valide tous les suppléments des athlètes en s’assurant qu’il n’y ait aucune contamination. Jean n’aurait toutefois pas utilisé les services de cette professionnelle.
UN MARIAGE FRUCTUEUX
En 2016, après sa deuxième défaite face à Sergey Kovalev, Pascal avait décidé de quitter son entraîneur Freddie Roach pour travailler avec Larouche, un homme qui le suit depuis son adolescence, mais surtout celui qui était aux côtés de Bute lorsqu’il a gagné sa ceinture de champion des supermoyens de la IBF. En cinq ans, le tandem Larouche-pascal aura maintenu une fiche de 5-2 en sept combats.
« J’ai appris à connaître un athlète, un vrai. C’est un gars qui a une confiance en lui inébranlable. C’est un guerrier, lance-til. C’est un gars qui est prêt à mourir dans un ring plutôt que de perdre. »
Quand on demande à l’entraîneur de nous nommer son meilleur souvenir avec son boxeur, il répond sans hésitation.
« C’est certainement contre Marcus Browne à New York, chez lui, dans sa ville. Les chutes au plancher, de voir qu’il y avait une grosse guerre verbale. Ça a été un beau moment. »
CARRIÈRE TERMINÉE ?
Jean Pascal n’a toujours pas commenté l’affaire publiquement, mis à part un communiqué laconique.
« Je me sens comme si je vivais dans un cauchemar depuis les six dernières semaines, avait-il formulé, plutôt ce moisci. Je suis tellement embarrassé par cette situation. J’ai laissé tomber mes partisans, ma famille et mon équipe. Je suis sincèrement désolé. »
Aucune entrevue, par contre. Fort de 42 combats professionnels, l’ex-champion du monde sera-t-il de retour dans le ring ? Larouche croit que oui.
« C’est un gars qui a mis sa vie dans la boxe, il a réalisé de grandes choses. J’espère pour lui que ça va bien finir, qu’il va faire la preuve de ce qu’il espère, répond son ancien entraîneur. Jean va boxer, il ne peut pas terminer sur cette note. C’est un gars qui croit encore en ses chances. Il était à une semaine de boxer, il peut être encore à quelques mois de boxer. »