UNE CÉLÉBRATION POUR LUTTER CONTRE L’INTOLÉRANCE
Le joueur de soccer brésilien Paulinho est devenu un symbole du combat contre l’intolérance religieuse dans son pays lors de la célébration de son but, inscrit dans une victoire de 4 à 2 face à l’allemagne en lever de rideau du tournoi olympique.
En tendant son bras gauche vers l’avant et en ramenant sa main droite près du visage en célébrant son filet, José Paulo Bezerra Maciel Júnior, mieux connu sous le pseudonyme Paulinho, a rendu hommage à des croyances afro-brésiliennes pour lesquelles les adeptes sont souvent persécutés dans son pays.
Certains ont pensé qu’il imitait le geste de l’éclair du sprinteur jamaïcain Usain Bolt.
Mais le jeune attaquant de 21 ans mimait en fait le geste d’un archer, un hommage à Oxossi, un orixa (divinité afro-brésilienne) représenté comme un chasseur.
Dans la mythologie yoruba, qui inspire les rites du Candomblé brésilien, Oxossi a éradiqué la misère et la faim en abattant d’une seule flèche un oiseau maudit.
L’image de cette célébration a eu une très grande répercussion sur les réseaux sociaux au Brésil, où les pratiquants de Candomblé sont régulièrement persécutés, leurs lieux de culte étant vandalisés, notamment par des fondamentalistes évangéliques.
LA FIERTÉ D’UN PEUPLE
« Paulinho n’a eu besoin que d’un tir précis en pleine lucarne pour faire entendre le cri de soulagement et de fierté de tout un peuple. Depuis que le Brésil existe, les religions afro-brésiliennes sont persécutées et diabolisées », a écrit Flavia Oliveira, célèbre journaliste et tante du joueur, dans une chronique publiée hier dans le quotidien O Globo.
La plupart des footballeurs brésiliens affichent leur appartenance aux religions chrétiennes, comme Neymar, qui arborait un bandeau avec l’expression « 100 % Jésus » quand il a reçu sa médaille d’or des Jeux olympiques de Rio, en 2016.
Après sa célébration devenue iconique, Paulinho a été invité à défiler lors du prochain carnaval avec l’école de samba Mocidade, qui va justement rendre hommage à Oxossi au Sambodrome de Rio.
QUELQUE CHOSE DE PERSONNEL
L’attaquant avait déjà annoncé ses couleurs mardi dernier, en évoquant l’importance de ses croyances religieuses dans un texte publié sur le site « C’est une philosophie de vie, quelque chose de très personnel », a-t-il expliqué.
« Notre pays a beaucoup souffert, non seulement à cause des préjugés contre les religions afro-brésiliennes, mais aussi pour d’autres raisons, comme la race, le genre ou l’orientation sexuelle », a-t-il ajouté.
Paulinho est également l’un des rares joueurs de soccer brésiliens à s’opposer ouvertement au président d’extrême droite, Jair Bolsonaro, et à sa gestion de la crise du coronavirus, qui a fait plus de 547 000 morts au Brésil.