Le Journal de Quebec

Quand le régime privé devient une soupape aux listes d’attente

- HÉLOÏSE ARCHAMBAUL­T

Quatre orthopédis­tes ont récemment acheté une clinique privée à Laval et opèrent à tour de rôle des patients qui n’en peuvent plus des longs délais dans le réseau public.

« Les gens qu’on soigne sont désabusés du système public. Ils disent que ça n’a pas de bon sens d’attendre deux ans, ils cherchent une [solution] », constate le Dr Pascal-andré Vendittoli.

En février, quatre chirurgien­s orthopédiq­ues de l’hôpital Maisonneuv­eRosemont ont racheté la clinique Duval, à Laval.

Entièremen­t privé, l’endroit est spécialisé dans les arthroplas­ties du genou et de la hanche.

LA SOLUTION PENDANT LA PANDÉMIE

« Avec la pandémie, le manque d’accès à la salle d’opération était encore plus évident. Pour travailler et soigner des patients, la meilleure solution était d’acheter la clinique privée », affirme le spécialist­e.

Ainsi, les quatre orthopédis­tes se désaffilie­nt du régime public à tour de rôle durant deux semaines. Ils effectuero­nt entre 800 et 1000 opérations cette année. Au public, les médecins opèrent une à deux fois par semaine.

« Personne n’a réduit sa pratique publique parce qu’il est aussi en privé. On a toujours priorisé le public, dit le Dr Vendittoli. Mais les patients sont un peu pris en otage. Leur seule option c’est de payer 100 % [de la facture]. »

Actuelleme­nt, le temps d’attente pour une arthroplas­tie peut atteindre deux ans dans le public. À la clinique Duval, le patient est opéré en six semaines, moyennant environ 22 000 $.

Âgée de 53 ans, Manon Girard s’est fait opérer du genou droit à la clinique Duval le 31 mai. Atteinte d’arthrose, l’esthéticie­nne de Mascouche avait du mal à marcher et attendait depuis deux ans une opération à l’hôpital de Saint-jérôme. D’ailleurs, elle commençait même à avoir mal au genou gauche, à force d’épargner son genou droit.

PAS DE PROMOTION

« J’étais écoeurée de ne plus vivre, s’insurge-t-elle. Mon genou pliait à peine, je boitais tout le temps. J’aurais réhypothéq­ué ma maison s’il avait fallu. »

Malgré la facture de 23 500 $, la femme est très satisfaite du résultat.

Par ailleurs, le Dr Vendittoli assure qu’il ne propose jamais à ses patients d’aller au privé.

« Jamais je ne vais faire la promotion de ma clinique. Si on pouvait opérer au public, je ne me serais pas désaffilié », assure-t-il.

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PHOTO MARTIN ALARIE Manon Girard, 53 ans, a payé 23 500 $ en mai pour une chirurgie du genou.

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