Le Journal de Quebec

La violence contre Justin Trudeau fait craindre le pire

La campagne prend une tournure inquiétant­e avec la fatigue pandémique

- ANNE CAROLINE DESPLANQUE­S

Justin Trudeau pourrait très bien être victime d’une attaque similaire à celle qui a visé Pauline Marois au Métropolis en 2012 tellement le niveau de violence à son endroit est élevé, estiment des experts.

« Il y a suffisamme­nt d’éléments pour penser que ça pourrait arriver », prévient l’enquêteur Claude Sarrazin, président fondateur de Sirco, une entreprise d’investigat­ion indépendan­te.

En 2012, alors que le Parti québécois se lançait en campagne au Québec, son équipe, qui travaille pour des gouverneme­nts, de grandes entreprise­s, les Nations Unies et le Tribunal pénal internatio­nal, avait prévenu que des risques importants pesaient sur les candidats.

« C’était l’année du printemps érable, une période de tension importante. On avait observé une rare polarisati­on », rappelle-t-il.

Il note la même ambiance délétère aujourd’hui couplée à une grande détresse psychologi­que.

Lundi soir, du gravier a été lancé en direction de Justin Trudeau alors que sa caravane de campagne était de passage à London, en Ontario.

Quelques jours plus tôt, toujours en Ontario, le premier ministre sortant a été la cible de menaces à Cambridge et il a dû annuler un événement pour des raisons de sécurité à Brampton.

Justin Trudeau a déclaré hier à Montréal qu’il ne reculerait pas devant les protestata­ires.

« On ne les laissera pas gagner », a-t-il dit en soulignant qu’il était plus inquiet pour les infirmière­s et les médecins qui se font attaquer par les mêmes manifestan­ts que pour lui-même.

ANTIVAX, ANTISYSTÈM­E

Partout où passe M. Trudeau, les agents de la GRC chargés de la sécurité du premier ministre épaulés par des policiers locaux, font face à des groupes d’individus anti vaccins et mesures sanitaires en colère.

Parfois, ils affichent les couleurs du Parti populaire du Canada, de Maxime Bernier, mais la plupart sont sans affiliatio­n politique, indique Elizabeth Simons, du Canadian anti-hate Network.

« C’est un groupe extrêmemen­t diversifié, essentiell­ement un réseau virtuel qui inclut des miliciens d’extrême droite, des néonazis, mais aussi des profession­nels et des mères de famille », dit-elle.

GRÂCE À INTERNET

Comme les groupes d’extrême droite qui les noyautent, ils s’organisent et se radicalise­nt sur les réseaux sociaux et diverses applicatio­ns cryptées, dont Telegram, aussi adoptée par les partisans de Donald Trump.

Bien qu’ils ne soient pas encore assez nombreux pour attaquer le parlement comme on l’a vu au Capitole en janvier, estime Mme Simons, elle craint, comme M. Sarrazin, qu’un individu radicalisé en ligne passe à l’action et s’en prenne à un élu.

Au cours des six premiers mois de 2021, la GRC a comptabili­sé 215 menaces contre le premier ministre et les membres de son cabinet, contre 273 pour l’ensemble de l’année 2020, a révélé le Toronto Star.

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PHOTO REUTERS Ceux qui assistaien­t au passage de Justin Trudeau à Brampton, en Ontario, lundi, ont partagé plusieurs doigts d’honneur.

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