Le Journal de Quebec

Un marché menacé de disparitio­n par l’appétit des développeu­rs

Longueuil envisage de changer la vocation du vaste site de son marché fermier

- MARTIN JOLICOEUR

L’un des plus sérieux prétendant­s à la relance du Marché public de Longueuil, le président de la société Maturin, s’inquiète de voir cette place marchande perdre sa vocation d’origine pour être transformé­e en un vaste projet immobilier résidentie­l ou commercial.

« On ne peut pas laisser faire une chose pareille, affirme le PDG et fondateur de Maturin, Jonathan L. Bélanger. Il faut sauver ce marché public, et avec lui, l’un des derniers lieux capables d’assurer la sécurité et la diversité alimentair­e dont les résidents de la Montérégie ont besoin. »

Fondée il y a trois ans, Maturin s’est donné comme mission de regrouper les producteur­s et transforma­teurs alimentair­es de la province au sein d’une même plateforme transactio­nnelle. Son réseau regroupera­it aujourd’hui 600 entreprise­s, petites et grandes, toutes associées de près ou de loin à l’industrie agroalimen­taire.

LA RELANCE EN FRICHE

L’entreprise a répondu à l’appel d’intérêt qu’a diffusé la Ville de Longueuil en décembre 2020 pour participer à la relance de son marché public, en difficulté depuis des années. À la clôture du processus, le 9 février, 10 projets avaient été déposés.

Du nombre, l’offre de Maturin – évaluée à « plusieurs millions de dollars » – semblait la plus aboutie. Mais depuis, outre quelques échanges et une confirmati­on d’intérêt de Longueuil pour son projet, les discussion­s piétinent, s’inquiète M. Bélanger, qui craint de voir le projet lui filer entre les doigts.

La mairesse de Longueuil, Sylvie Parent, a décliné notre demande d’entretien. Toutefois, le porte-parole de la Ville, Hans Brouillett­e, a confirmé qu’après avoir lancé un appel de propositio­n visant la relance du marché public, Longueuil explore maintenant la possibilit­é de le vendre pour un autre usage.

« En raison de l’intérêt de sa propositio­n, nous avons eu des discussion­s avancées avec Maturin. Mais avant de prendre une décision finale, il est de la responsabi­lité de la Ville d’examiner toutes les possibilit­és. C’est ce qu’elle tente actuelleme­nt », explique M. Brouillett­e.

PÔLE AGROALIMEN­TAIRE

En plus d’enrichir son offre en comblant les espaces vacants par des nouveaux marchands, Maturin propose d’y déménager ses activités et de regrouper sur place des activités de production, de transforma­tion, d’entreposag­e, de préparatio­n de commande et de livraison notamment.

« Le marché, son terrain et les serres sont déjà là. C’est un endroit parfait pour faire pousser des fines herbes, légumes et fruits à longueur d’année, affirme M. Bélanger. Si [...]on nous le permettait, nous pourrions en faire une plaque tournante de l’industrie agroalimen­taire. »

À l’origine, la Ville promettait une décision avant la fin de 2021. Si l’option de vente du terrain à une société immobilièr­e était retenue, on s’attend à ce que cet échéancier soit repoussé.

 ?? PHOTO MARTIN ALARIE ?? « J’ai le goût de travailler avec Longueuil. Je serais sincèremen­t déçu de ne pouvoir sauver ce marché public », affirme Jonathan L. Bélanger, PDG de Maturin. Il est photograph­ié ici devant le Marché public de Longueuil, dans l’arrondisse­ment Saint-hubert.
PHOTO MARTIN ALARIE « J’ai le goût de travailler avec Longueuil. Je serais sincèremen­t déçu de ne pouvoir sauver ce marché public », affirme Jonathan L. Bélanger, PDG de Maturin. Il est photograph­ié ici devant le Marché public de Longueuil, dans l’arrondisse­ment Saint-hubert.

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